Premières annulations de séjours de vacanciers chinois : le tourisme azuréen est-il menacé ?
Pour endiguer l’épidémie de coronavirus, Pékin interdit aux agences de voyages chinoises de vendre des séjours à l’étranger. Un coup dur pour la Côte d’Azur à deux semaines du Carnaval de Nice et de la Fête du Citron ? Denis Cippolini, président du syndicat des hôteliers de la Métropole refuse de céder à la panique. « Nous sommes bien sûr vigilants mais il ne faut pas rajouter de l’angoisse à un marché qui est déjà tendu avec les grèves. A l’heure actuelle il n’y a rien de significatif concernant les annulations ou les reports de séjour de la clientèle chinoise. Cela arrive aussi, et parfois jusqu’à J-23, lorsque les clients n’ont pas obtenu leur visa par exemple. Oui, il y a eu des annulations chez certains professionnels, mais à la marge ».
L’hôtel Ellington, rue Dubouchage à Nice, travaille beaucoup avec les touristes asiatiques, notamment chinois, qui représentent 40 % de sa clientèle à l’année.
« Pour le moment je n’ai eu qu’une annulation d’un groupe de vingt personnes pour début février. On s’y attendait, explique Laura Lamy, responsable des réservations groupe loisirs, qui pressent de nouvelles annulations quand les agences de voyages chinoises, pour le moment fermées en raison des congés du nouvel an, rouvriront le 3 février.
Quant au Carnaval de Nice, « il attire moins les Chinois qu’avant, mais plutôt les Japonais, qui représentent 50 % de notre clientèle sur la période du Carnaval ».
Pas d’annulation mais pas de réservation non plus
Selon les données de l’office de tourisme métropolitain, 38 000 entrées au Carnaval de Nice ont été vendues à ce jour auprès des professionnels du tourisme. Mais aucune réservation n’émane d’agences chinoises pour le moment. L’an dernier 320 places ont été vendues à des touristes chinois, soit 0,30 % des billets payants émis. Par ailleurs aucune troupe artistique chinoise n’est attendue pour l’édition 2020.
Situation analogue pour la Fête du citron. Aucune incidence à ce jour sur la billetterie. La presse chinoise, qui a fait une demande d’accréditation, maintient, pour l’heure, son déplacement.
La seule annulation recensée est celle de la visite d’une délégation chinoise qui devait faire escale sur la Côte d’Azur et à Menton dans la foulée de la 7e édition du salon China Workshop, dédié aux professionnels du tourisme, des 11 et 12 février à Paris.
« Nous n’avons pas eu d’annulation mais nous n’avons pas eu de réservation non plus de clients de Chine populaire, contrairement aux autres années, en cette période de congés du nouvel an chinois » constate Edith Phanixat, de la société de transport Ming Tour Service, à Nice, qui propose des transferts et des excursions à bord de mini van ou voiture avec chauffeur dont les conducteurs parlent chinois, mandarin et thaïlandais.
Le SRAS « nous a donné une leçon »
« Quand nous avons commencé notre activité, il y a 19 ans, notre clientèle était exclusivement chinoise. Puis il y a eu le SRAS, se souvient Edith Phanixat. Le syndrome respiratoire aigu sévère avait provoqué une épidémie en mai 2003 et causé la mort de près de 650 personnes dans le monde, dont 350 en Chine.
« Cette année-là on a fait rien du tout. Ça nous a donné une leçon : il ne faut pas se limiter à un marché. Aujourd’hui on s’est diversifiés avec notamment l’Asie du Sud Est, Taïwan, Hong-Kong. Sur le Carnaval on ne travaille pas énormément. Mais c’est un peu inquiétant pour la suite. La saison démarre en mars, avec les congrès » note la professionnelle.
« Par mesure de précaution » l’association de la communauté chinoise de la Côte d’Azur a néanmoins pris la décision, hier matin, d’annuler sa soirée autour du nouvel an chinois au casino Ruhl à Nice, initialement programmée ce soir, a indiqué Ying Zhang, vice-présidente exécutive. Une soirée cocktail dînatoire et spectacle live qui pouvait accueillir entre 350 et 400 personnes.