Monaco-Matin

C’était Kobe

La disparitio­n tragique de l’ancien joueur des Lakers va laisser un immense vide en NBA

- MATHIEU FAURE

Kobe Bryant, légende des Lakers de Los Angeles, s’est éteint dans un crash d’hélicoptèr­e avec sa fille Gianna, 13 ans, ainsi que sept autres passagers. Kobe et sa fille se rendaient… à un match de basket. La veille, l’ancien numéro 8 des Lakers entre 1996 et 2016 avait tweeté une dernière fois un message de félicitati­ons envers LeBron James, l’actuel roi des Lakers, qui venait de le dépasser dans le classement des meilleurs marqueurs de l’histoire au détour d’un match à Philadelph­ie, la ville natale de Kobe. L’équipe californie­nne a appris la triste nouvelle à leur descente d’avion. Sur le tarmac, LeBron James était dévasté. Touché. K-O debout.

Le prochain match des Angelenos aura lieu au Stapples Center, l’antre de la franchise californie­nne, face au voisin des Clippers. L’émotion sera immense car Kobe Bryant était une icône. Bryant n’était pas un Laker comme les autres dans une franchise qui a pourtant vu passer des légendes – Kareem Abdul-Jabbar, Magic Johnson, Elgin Baylor, Jerry West, Shaquille O’Neal, Wilt Chamberlai­n – mais il est le seul à avoir deux maillots retirés : le 8 et le 24. Deux maillots pour deux décennies dorées avec, en apothéose, cinq bagues de champions et un titre de MVP.

 points face à Toronto

Coincé entre Michael Jordan et LeBron James, Bryant reste le meilleur joueur des années 2000 et un modèle pour la majorité des joueurs actuels comme le meneur d’Atlanta Trae Young qui a choisi de porter le numéro 8 en hommage, dimanche soir. Bryant était un travailleu­r fou, acharné, méthodique et un boulimique offensif qui n’hésitait pas à s’infliger des séances individuel­les de 800 tirs pour perfection­ner son geste. Ses 81 points plantés dans le buffet des Raptors en 2006 sont toujours la deuxième plus grande performanc­e offensive de l’histoire derrière les 100 points de Wilt Chamberlai­n de 1962.

En 2013, alors qu’il vient de se rompre le tendon d’Achille face aux

Warriors, il s’avance sur la ligne des lancers-francs, boitant, et convertit ses deux tentatives avant de quitter le parquet, « les plus difficiles de ma carrière » déclara-t-il après le match.

Il va mettre près d’un an à revenir pour une dernière danse ponctuée par 60 points lors de son ultime match face aux Jazz d’Utah en avril 2016.

Il a 37 ans et quitte la NBA en légende. Car Kobe Bryant est de ceux dont le prénom suffit à le présenter. Il est universel. Le tennisman Nick Kyrios, larmes aux yeux, a fait son échauffeme­nt face à Rafael Nadal à l’Open d’Australie avec le maillot de Bryant. Barack Obama en personne a salué la mémoire de l’athlète double médaillé d’Or aux JO avec Team USA (2008 et 2012). Père de quatre enfants, mari dévoué, homme très attaché à sa communauté, Kobe Bryant a notamment appris le basket à Mulhouse quand, à 13 ans, son père Joe terminait sa carrière en France après plusieurs saisons en Italie où il dira surtout avoir appris « la passion » de son sport.

Loyal pendant  ans

Autoprocla­mé « Black Mamba » après avoir visionné un documentai­re sur les reptiles car « la Mamba noir pouvait frapper, rapidement, avec 99 % de réussite », Kobe était un attaquant unique, alliant la gestuelle de Michael Jordan – le fameux fadeaway – et la mentalité d’un joueur de playground. Surtout, l’homme a fait tomber des barrières. A 17 ans, sans jamais passer par la case universita­ire, il quitte directemen­t le lycée pour s’inscrire à la draft où les Hornets le choisiront en 13e position avant de l’échanger contre Vlade Divac. 1996, son histoire d’amour avec les Lakers débute. 20 ans de loyauté, « KB » est l’homme d’une seule franchise et il aura grandement contribué au retour sur le devant de la scène des Lakers après le désert des années 90 (aucun titre entre 1988 et 2000). Cela donne encore plus de poids au mythe. Arrière dominant des années 2000 (5 titres en 10 ans), Bryant a surtout redynamisé une ligue qui venait de perdre Michael Jordan. Le meilleur joueur de l’histoire a, lui aussi, pleuré le décès de Bryant qu’il considérai­t comme son « petit frère ». Amoureux comme personne de son sport, il avait notamment reçu un Oscar en 2018 pour son courtmétra­ge « Dear basketball » qui retraçait sa vie, ses rêves, ses doutes et son départ à la retraite. Depuis 2017, Kobe Bryant s’occupait de sa femme et de ses quatre filles dont Gianna, surnommée « Mambacita » qui, du haut de ses 13 ans, souhaitait suivre les pas de son père et faire carrière en WNBA. Alors que les marques de respect pleuvent depuis dimanche, il se murmure que le prochain All Star Game qui se déroulera le mois prochain à Chicago sera le théâtre d’un immense hommage.

En moins d’un mois, la NBA vient de perdre deux figures iconiques puisqu’après la disparitio­n de David Stern, commission­ner historique, Kobe Bryant a rejoint le hall of fame céleste.

Kobe Bryant s’est éteint mais sa légende va perdurer car le mythe est immortel.

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