décès par an dus à la pollution de l’air : vrai ?
Ce chiffre alarmant qui circule à Nice est le produit de plusieurs études d’impact indépendantes et convergentes. Explications
Le débat autour du projet d’extension du terminal 2 de l’aéroport ces derniers mois a fait émerger un chiffre : 500 décès prématurés par an seraient causés par la pollution atmosphérique à Nice. D’où la nécessité de se pencher sur le sujet, ce que la Métropole fait, en se fixant, à travers son plan Climat-air-énergie territorial adopté en octobre, l’objectif, par rapport à 2019, d’une diminution des gaz à effet de serre de 22 % en 2026, d’une réduction des polluants atmosphériques de 44 % et de la consommation d’énergie de 18 %. La neutralité carbone doit être atteinte en 2050.
Mais d’où sort ce chiffre de 500 décès brandi régulièrement par Thierry Bitouzé et Airy Chrétien, du Collectif citoyen 06, « lobby citoyen pour un territoire durable » ? Plusieurs études y aboutissent.
(1) Explications et décryptage.
Chiffres d’un plan régional de santé
Le plan régional santé environnement Paca 3 (2015-2021), adopté le 6 décembre 2017, identifie les actions à mettre en oeuvre pour améliorer la santé des populations en travaillant sur la qualité de leur environnement, dans une perspective de développement durable, en prenant en compte les problématiques locales.
« En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 900 000 personnes soit 20 % de la population seraient exposées à au moins un dépassement des normes de qualité de l’air. L’exposition chronique à la pollution particulaire de la population des six agglomérations Aix, Avignon, Cannes, Marseille, Nice et Toulon causerait 2 500 décès précoces annuels », relève le document d’orientation de ce plan. Le collectif citoyen calcule ensuite : 1,68 million d’habitants dans ces six villes, dont 342 637 à Nice (en 2016 selon l’Insee). « Nice représente 20 % de la population de ces six villes », calcule le collectif. Soit « 500 décès prématurés. »
décès par an évoqués par l’ARS en
Un document publié en 2011 par l’Institut de veille sanitaire (aujourd’hui Agence régionale de santé), réalisé par des membres de la cellule interrégionale d’épidémiologie Sud et d’Atmo Paca sur la période 2004-2006, avance le chiffre de 506 décès attribuables aux particules fines à Nice chaque année. Ce « nombre annuel de décès toutes causes attribuables à une exposition chronique à la pollution particulaire » est cependant à nuancer. Ces résultats «ne doivent pas être considérés comme des chiffres exacts mais plutôt comme des ordres de grandeur, préconise l’étude. La méthode utilisée présente certaines limites, notamment dues aux indicateurs et aux incertitudes entourant les relations exposition-risque. » Elle indique aussi que « les résultats ne reflètent qu’une partie de l’impact de la pollution qui peut engendrer d’autres événements sanitaires plus bénins (maladies respiratoires aiguës, toux, allergies, crises d’asthme, irritations, etc.) qui n’ont pas été pris en compte bien qu’ils touchent une proportion beaucoup plus importante de la population. » Par ailleurs, cette évaluation de l’impact sanitaire de la pollution mentionne elle aussi le nombre de 2 500 morts prématurées liées à une exposition chronique à la pollution atmosphérique sur l’ensemble des six agglomérations.
Santé publique France en : morts
Une autre étude menée par Santé publique France, agence nationale de santé publique, sous tutelle du gouvernement, publiée en 2016, évoque, elle, le chiffre de 590 décès annuels à Nice. L’étude, intitulée Impacts de l’exposition chronique aux particules fines sur la mortalité en France continentale et analyse des gains en santé de plusieurs scénarios de réduction de la pollution atmosphérique, aboutit à ce chiffre d’après l’hypothèse selon laquelle les habitants sont exposés principalement à la pollution atmosphérique modélisée à Nice même. Dans une autre hypothèse s’appuyant sur la pollution atmosphérique moyenne observée sur l’ensemble des communes composant l’agglomération (Cagnes-sur-Mer, Nice, Saint-Laurent-du-Var, Villeneuve-Loubet parce qu’ils s’y déplacent), le chiffre tombe à 301 décès annuels.
Étude universitaire et Insee : décès
Enfin, selon une autre étude datée de 2017 d’universitaires de Paris VII-Denis Diderot (diplôme interuniversitaire de Toxicologie médicale), sous la houlette de Santé publique France, 12,5 % des décès sont attribuables aux PM2,5 (particules fines) dans les villes de plus de 100 000 habitants de la région Paca. Ces données retiennent donc que 12,5 % des 3 698 décès enregistrés à Nice en 2018 selon l’Insee correspondent à 462 morts prématurées dues aux PM 2,5. modélisations de la qualité de l’air, sur des données de mortalité transmises par le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, sur des données d’hospitalisations qui proviennent de la base nationale du Programme de médicalisation des systèmes d’information de l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation…