MONACO VA PAYER POUR AMÉLIORER LE SERVICE TER
L’État monégasque s’apprête à signer une convention avec la Région . Un engagement de M€ par an pour garantir une meilleure offre aux usagers dès la fin . Monaco aura aussi des obligations de maintenance.
« millions d’euros chaque année pour le développement du TER »
Gare de Monaco. 8 h 20, jeudi dernier. Parmi les milliers de salariés pendulaires et touristes qui débarquent chaque matin sur les quais souterrains de la Principauté, inaugurés il y a vingt ans, une délégation d’officiels ne passe pas inaperçue.
Partis à 8 h 01 de Nice Riquier, dans un train Thello, des représentants de la Métropole Nice Côte d’Azur, des régions Ligurie et Piémont, ainsi que la coordinatrice slovaque de l’Union Européenne pour le Corridor méditerranéen (Marseille-Gênes), Iveta Radicova, et le vice-président délégué aux Transports de la région PACA, Philippe Tabarot, n’ont pas eu à subir de retard. Une chance même si, selon ce dernier, la tendance est à l’amélioration. « Les choses vont mieux. L’opérateur SNCF fonctionne mieux. Est-ce qu’on le doit à l’ouverture à la concurrence dans quelque temps ? Est-ce qu’ils se sont mieux réorganisés en interne ? Est-ce qu’ils faisaient tellement mal qu’ils ne pouvaient pas faire encore plus mal ? »
Déjà moins de retards
En 2017, le ministre d’État Serge Telle n’avait ainsi pas caché sa contrariété à l’ex-président de la SNCF, Guillaume Pepy, lors d’une réunion de travail. Face au profond et chronique marasme SNCF dans la région, Pépy affirmait comprendre « l’impression de jamais-fini » des usagers et promettait « des progrès dès 2019-2020 ». Maintenant, donc. Pourtant, les « Naufragés du TER » tardent à mesurer l’embellie. Certes, l’aménagement des voies à Nice Riquier a permis d’accueillir des double-rames « Régio2N ».
« Une offre particulièrement capacitaire à la pointe, avec trois des quatre trains qui sont en double composition et arrivent à transporter plus de 800 personnes assises et presque autant debout », avance Philippe Tabarot, qui concède toutefois « que la perception de l’amélioration par les usagers n’est peut-être pas aussi évidente que ça après deux périodes de grève – contre la loi sur le Pacte ferroviaire et la réforme des retraites – très longues et compliquées ». Alors l’homme politique rappelle que, depuis une convention signée il y a trois ans, les abonnés TER bénéficient des services Thello « pour 3 euros de plus dans l’abonnement SNCF », et brandit des statistiques pour prouver l’efficacité du lobbying de la Région. « Quand on est arrivé en 2015, il y avait 25 % des trains qui étaient, soit en retard (15 %), soit supprimés (10 %). Aujourd’hui,
on dénombre 10 % de retard et 1,5 % de trains supprimés ».
« Accroissement de l’offre aux heures de pointe »
Centre névralgique de la ligne Mandelieu-Vintimille, avec près d’un voyageur sur deux y faisant halte chaque jour, Monaco ne saurait s’en contenter. D’autant que le taux de fréquentation de la troisième gare de la région, après Marseille Saint-Charles et Nice-Ville, suit la courbe exponentielle de la croissance économique du pays. « Tous les matins et soirs, on a environ 30 000 voyageurs à Monaco. Ils veulent voyager dans de bonnes conditions, à de bons tarifs, avoir des places et être à l’heure, car leurs employeurs n’en ont rien à faire que le train soit en retard », admet Philippe Tabarot.
Face à Iveta Radicova, émissaire de l’Union européenne (lire ci-dessous), le conseiller de gouvernement-ministre de l’Équipement, Marie-Pierre Gramaglia, est donc revenu à la charge. « Nous militons pour améliorer et intensifier l’offre actuelle de la desserte ferroviaire de la Principauté, avec un accroissement de l’offre aux heures de pointe du matin et du soir. »
En réponse à un audit de la desserte de la gare de Monaco – sur le budget de la Région PACA, un accord d’ampleur va ainsi sortir des cartons. « Jusqu’à présent, la Région prenait en charge une partie des billets des gens qui venaient à Monaco. On va signer une convention où Monaco va s’engager à verser huit millions d’euros chaque année pour participer au développement du TER. »
Déjà partenaire financier de travaux, comme à la gare Riquier et jusqu’à Vintimille, la Principauté va donc étendre ses compétences dans la gestion du rail.
Un accord « juste »
« Avec nos prédécesseurs, Monaco avait financé du matériel [cinq rames notamment, N.D.L.R.] mais n’avait jamais participé au fonctionnement à la convention TER, rappelle Philippe Tabarot. On a négocié pendant des années et il nous semble juste, puisqu’on assure une partie de la desserte de Monaco, qu’en contrepartie la Principauté participe au fonctionnement. Un rapport de la Chambre régionale des comptes a aussi dit qu’on ne pouvait pas financer les abonnements de TER pour des non-contribuables français. Chaque année, la Principauté participera donc au fonctionnement du service TER qui relève des usagers qui utilisent le TER monégasque. Et ils participeront à l’entretien et la révision mi-vie du matériel qu’ils avaient acheté. » Outre les 8 millions d’euros finançant une desserte renforcée de Monaco, l’État monégasque payera 3,7 millions d’euros par an pour assurer la remise en état des rames acquises, l’installation éventuelle de systèmes de vidéosurveillance, ou le déploiement du système européen de surveillance du trafic ferroviaire (ERTMS), « qui peut permettre à un train de circuler plus proche s’il est reconditionné » et donc de passer de quatre à six trains par heure. Pour, au final, doubler les rames TER aux heures de pointe d’ici fin 2020.