Un immeuble moderne à la place de la villa « Pathé »
Au bas du Jardin exotique, la villa Le Mas n’est plus qu’un souvenir. Place à un immeuble moderne en partie sur pilotis et végétalisé
Faut-il gommer des pans du patrimoine local pour garantir l’avenir ? La question n’a pas fini de diviser en Principauté alors que les vieilles bâtisses tombent comme des dominos. La démolition de la villa Le Mas, ancienne propriété du pionnier du cinéma Charles Pathé (lire ci-dessous), a ainsi irrité certains Monégasques en ce début d’année. Tout comme le manque de logements crispait jusqu’à l’annonce du Plan national, le 11 mars 2019, par le prince Albert II, en présence de son gouvernement et du président du Conseil national, Stéphane Valeri. Bref, difficile de contenter tout le monde sur la durée mais, en attendant, le chronomètre est bel et bien déclenché. Les prévisions d’évolution démographique sont claires : aujourd’hui 9300, les Monégasques seront 11 770 en 2033. Si aucun taux réel d’occupation des logements domaniaux est aujourd’hui accessible, et que beaucoup s’accordent à dire qu’il pourrait être optimisé – JeanLouis Grinda en tête –, reste que la prospérité de la Principauté laisse présager une hausse, à anticiper, de son nombre de résidents.
Livraison prévue fin 2022
Située sur l’emprise foncière du 2, boulevard de Belgique (Palais Honoria) et 4, boulevard du Jardin-Exotique (Villa Le Mas), ainsi qu’une parcelle désaffectée du Domaine public (jardin public de 324,52 m2), l’opération « Palais Honoria » comprendra 65 logements sur les 1831 à bâtir d’ici 2033, selon les termes du Plan national.
L’opération fait l’objet d’un contrat de maîtrise d’ouvrage déléguée confiée à la société J.B. Pastor & Fils. L’architecte Emmanuel Deverini a signé le bâtiment de 14 étages (+ rezde-chaussée) qui forme un L (lire cicontre). Quatre niveaux de parking, qui surplombent le tunnel SNCF, prolongent l’emprise en souterrain. La livraison est prévue fin 2022 et le projet a fait l’objet d’une présentation aux riverains le 7 janvier dernier. Il avait au préalable été approuvé à l’unanimité des élus communaux en décembre dernier. Les élus nationaux avaient, eux, acté l’inscription de 18 millions d’euros au budget rectificatif 2019. Exceptés l’aménagement de la crèche ou les travaux de déviation des réseaux et de voirie, le coût du chantier est estimé à près de 73 millions d’euros. L’opération doit également satisfaire à la démarche « Bâtiment durable méditerranéen de Monaco », certification bronze.
Effet de manche en 2018
L’idée de ce bâti avait germé lors de l’âpre débat sur le logement de la dernière campagne pour des élections nationales. Quatre jours avant le vote, Béatrice Fresko-Rolfo (Horizon Monaco) sortait « un projet d'immeuble de grande hauteur » de sa manche. « Nous avons pensé associer ce projet à un foncier privé, à savoir le Palais Honoria, lequel est possiblement disponible pour le développement d'un projet mixte, expliquait Criss Roux. Projet qui permettrait de disposer, à terme, d'une centaine de logements domaniaux et de larges surfaces de bureaux domaniaux. Et qui permettrait de trouver un partenariat avec le propriétaire pour que la partie privée finance la partie publique de telle sorte que le budget de l'État ne soit pas impacté. » Aujourd’hui, le monument à la mémoire du roi des Belges Albert-Ier a été déplacé et les mâchoires des pelleteuses ont emporté la villa Le Mas et ses secrets enfouis d’après certaines légendes urbaines. Les larmes des nostalgiques étaient d’ailleurs à peine séchées qu’un autre vieil immeuble de Monaco tombait, derrière le kiosque à musique du square Gastaud, où poussera prochainement l’élégante villa Portofino.