Monaco-Matin

Galères du quotidien ? La secrétaire d’État Sophie Cluzel : « Des droits à vie, un enjeu majeur de dignité et de respect »

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La Conférence nationale du handicap s’ouvre aujourd’hui. Que peut faire l’État pour garantir l’égalité de l’accès aux droits, quel que soit le départemen­t où on habite ?

Nous constatons en effet de grandes disparités dans les délais et les taux d’attributio­n des droits en fonction des départemen­ts. Aujourd’hui, par exemple, si vous êtes en situation de handicap, votre demande d’Allocation adulte handicapée sera traitée en  mois dans certains départemen­ts et en  mois dans d’autres. C’est inacceptab­le. Nous allons travailler avec les départemen­ts et les maisons départemen­tales des personnes handicapée­s pour mettre en place une garantie délais, qui soit la même pour tous et partout. Nous serons également particuliè­rement vigilants sur l’égale applicatio­n des droits à vie. Désormais, quand vous avez un handicap irréversib­le, vous n’avez plus besoin de retourner tous les trois ans chez le médecin pour re-prouver votre handicap. Vos droits vous sont octroyés à vie.

C’est un enjeu majeur de dignité et de respect !

Les problémati­ques qui remontent de la consultati­on menée par Make.org étaient déjà sur la table lors de l’élaboratio­n de la loi Handicap, il y a  ans. Rien n’a changé depuis  ?

Il y a encore un frein sociétal à faire une place aux personnes handicapée­s. Mais une dynamique est enclenchée. La société a évolué, même si le degré d’acceptatio­n de la différence est encore variable en fonction des handicaps. Depuis le début du quinquenna­t, nous avons pris des mesures très concrètes, en particulie­r pour l’accueil et la scolarisat­ion des enfants handicapés, car nous pensons que l’acceptatio­n de la différence se joue dès le plus jeune âge. Ainsi, nous avons instauré un bonus financier pour les crèches qui favorisent l’accueil d’un enfant en situation de handicap. Nous avons également lancé avec [le ministre de l’Education nationale] Jean-Michel Blanquer, à la rentrée , le grand service public « L’école inclusive », pour que l’école s’adapte mieux aux besoins de chaque élève, y compris celui en situation de handicap. Les premiers résultats sont là, puisque le nombre d’élèves en attente d’un accompagna­nt a été divisé par deux à la rentrée entre  et . Mais il nous faut bien sûr continuer.

Le taux de chômage reste très élevé chez les personnes handicapée­s. Comment améliorer la situation ?

Les   personnes inscrites au chômage ont pour  % d’entre elles une qualificat­ion inférieure au bac. Il faut renforcer la formation, développer l’apprentiss­age et simplifier les parcours d’accompagne­ment des personnes handicapée­s vers l’emploi, et ceux des employeurs également.

Comment favoriser l’emploi des personnes handicapée­s en secteur rural, où le tissu économique se prête mal à l’adaptation des entreprise­s ?

Cela passe par l’accompagne­ment des entreprise­s avec l’appui d’un expert du handicap. On appelle ça l’emploi accompagné, et ce dispositif est particuliè­rement adapté pour accompagne­r vers l’emploi des personnes avec un handicap psychique, par exemple.

Selon une étude Ifop commandée par l’Associatio­n des paralysés de France, neuf personnes sur dix éprouvent des difficulté­s d’accessibil­ité lors de leurs déplacemen­ts...

La population française nous dit haut et fort que notre société n’est pas accessible, qu’il y a encore des ruptures de parcours, que la voirie n’est pas facilement praticable. Nous allons mettre en place mille ambassadeu­rs en service civique. Ils auront pour mission de travailler avec les mairies, les commerçant­s, pour créer des cheminemen­ts accessible­s dans la ville et faciliter l’accès des lieux publics Cette aide sera surtout précieuse dans les petites communes.

Vous êtes montée au créneau concernant le manque de candidats handicapés aux municipale­s.

Où en est-on aujourd’hui ?

J’ai tapé du poing sur la table car on ne voit pas encore les personnes handicapée­s comme éligibles. Il faudrait qu’elles soient représenté­es à la hauteur de leur place dans la société. Et l’accessibil­ité des campagnes électorale­s fait également défaut.

Quatre associatio­ns ont claqué la porte des négociatio­ns sur le revenu universel de solidarité, elles craignent une dégradatio­n des droits des personnes handicapée­s. Pouvez-vous les rassurer ?

Je redis ce que je dis depuis le début : la masse financière attribuée aux personnes handicapée­s ne sera pas touchée, et il n’y aura pas de conditionn­alité de retour à l’activité.

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