Financer
Chaque jour, Arnaud Foucreau se rend au domicile ou sur le lieu de travail de ses clients à mobilité réduite pour réparer, adapter ou leur faire essayer du matériel, des fauteuils roulants la plupart du temps.
Pendant sept ans, ce spécialiste mobilité, salarié du revendeur de matériel médical Maison Dupuytren à Nice, a dirigé sa propre société, avant de mettre la clé sous la porte en raison des délais trop longs de prise en charge financière du surcoût des équipements médicaux par les mutuelles ou la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH).
Si un fauteuil à roues propulsées manuellement, un modèle basique, coûte autour des 500 euros, pour un produit plus sophistiqué, adapté à la morphologie du patient, les prix peuvent grimper jusqu’à 5 000 euros, et dépasser les 7 500 euros pour un fauteuil motorisé. Aujourd’hui, plus le handicap nécessite une haute technicité de prise en charge, moins bien il est remboursé par l’Assurance-maladie. Même après le financement complémentaire – encore faut-il avoir les moyens de souscrire une mutuelle – le reste à charge peut demeurer élevé. Une double peine pour les personnes les plus handicapées.
« Eux-mêmes sont dans une grosse galère »
Les personnes en situation de handicap peuvent solliciter diverses aides pour financer le restant dû. En déposant par exemple une demande de prestation compensatoire du handicap auprès de la MDPH. La décision est rendue entre 3 et 18 mois après le dépôt du dossier. « Les clients me faisaient un chèque et, pour rendre service et parce qu’eux-mêmes sont dans une grosse galère, j’attendais qu’ils touchent l’aide pour l’encaisser. Ça prenait parfois dix à douze mois. Et pendant ce temps, le client avait son fauteuil, le fournisseur était payé, mais pas moi. Au-delà de 15 000 euros, ce n’était plus tenable. Quand vous êtes dans une grosse entreprise, oui, peut-être. Moi, j’étais tout seul. »
« Certains ont besoin d’être épaulés »
Pourquoi de tels délais ?
« Parfois, il manque une pièce au dossier, mais l’administration ne le dit pas » au bénéficiaire, déplore Arnaud Foucreau. « Certaines personnes ne sont pas à l’aise avec les démarches administratives, d’autres n’aiment pas ça du tout. J’ai aussi eu des clients qui sont seuls. Ils sortent de l’hôpital, ils n’ont pas de famille. Certains ont besoin d’être davantage épaulés. » Constatant que le paiement tardait, Arnaud Foucreau a souvent été contraint de relancer le client, qui relançait l’administration. Les mois s’écoulaient ainsi. « Pour que le financement aboutisse, il faut parfois deux ans » constate-t-il encore aujourd’hui. Heureusement pour Arnaud, sa société a été rachetée il y a quatre ans par Maison Dupuytren, qui l’a salarié.