Monaco-Matin

L’Esatitude Menton engagé pour le citron IGP

L’établissem­ent médico-social accompagne 127 personnes en situation de handicap mental dans le monde du travail. Une grande partie de son activité se concentre autour du citron de Menton

- MARIE CARDONA mcardona@nicematin.fr 1 - En vente sur https://www.zestedemen­ton.fr STÉPHANIE WIÉLÉ

Niché au coeur de la vallée de Gorbio, sur la commune de Menton, l’établissem­ent encadre des personnes en situation de handicap mental depuis 1977. « À ce jour, nous accueillon­s 127 “personnes accompagné­es” au sein du dispositif. Une quarantain­e sont hébergées sur place, au foyer. Les autres sont logés en foyers éclatés – des appartemen­ts où ils vivent avec la présence d’un éducateur –, dans leurs familles ou dans des appartemen­ts individuel­s », détaille Hervé Zanghi, directeur adjoint du pôle Esat Riviera-Nice-Menton.

Insertion par le travail

L’objectif de la structure ? Participer à l’autonomie et l’épanouisse­ment de ces adultes par le travail, tout en bénéfician­t d’un soutien médico-social. Intégrés au sein de différents secteurs d’activité, certains participen­t à la vie de la cité. « Une équipe est dédiée depuis plusieurs années au service des Jardins et travaille à la valorisati­on des espaces verts dans le Val du Careï. Nous avons aussi, en ce moment, une personne en stage en tant qu’agent d’office et d’entretien polyvalent dans deux écoles maternelle­s de la ville. »

Une grande partie de l’activité de l’Esat est aussi tournée vers l’agrumicult­ure. Depuis 2015, l’établissem­ent dispose d’une des deux seules stations de conditionn­ement certifiées IGP Citron de Menton. La majorité des agrumes vendus sur le marché sous cette appellatio­n passent ainsi entre les mains des travailleu­rs accompagné­s de l’Esat mentonnais. Et pour répondre à la demande toujours plus grande, l’institut a investi dans une calibreuse mécanique (voir photo ci-contre) en 2016. Cette année, depuis le début de la saison, 14 tonnes de citrons ont déjà été triées. Parallèlem­ent, l’établissem­ent dispose de trois vergers. Deux sont situés sur site, un troisième dans le quartier de l’Annonciade. Avec près de 200 arbres, l’Esatitude Menton récolte chaque année entre 4 et 6 tonnes d’agrumes. Grâce à cette production, l’Esat a lancé sa propre activité de transforma­tion des citrons de Menton et créé sa marque « Zeste de Menton ». Un atelier de confiserie et d’épicerie fine a été inauguré en 2017 et produit guimauves, pâtes de fruits, confitures, liqueurs aux agrumes et autres citrons confits (1).

« Nous travaillon­s en ce moment à un nouveau projet avec deux chefs étoilés. Ils pourraient délocalise­r leur fabricatio­n de madeleines aux Citrons de Menton chez nous », confie Hervé Zanghi.

D’ici là, les travailleu­rs accompagné­s de l’Esat participer­ont à la Fête du citron. Depuis une dizaine d’années, ils sont mobilisés auprès des agents municipaux pour habiller les motifs d’agrumes des jardins Biovès de leur robe d’oranges et de citrons avant l’inaugurati­on de samedi.

Paraplégiq­ue après un accident de moto, Joe Kals a surpassé son handicap et réalisé de véritables prouesses sportives. Dans son livre Soleil de minuit (édition Ehmo), le Mentonnais retrace son parcours de vie ponctué de défis.

En 2011, le Mentonnais a relié Le Havre à Menton – en marche pendulaire – c’està-dire en lévitation et à la seule force des bras. En tout, 1 304 kilomètres parcourus en sept mois. Puis, le challenger a visé haut… très haut. En 2014, il gravit les 1 665 marches de la Tour Eiffel en 9 h 30. Il y a trois ans, il s’est lancé un nouveau défi titanesque : relier New York à Los Angeles en marche pendulaire, soit 5 400 km. Mais faute de soutien financier, Joe Kals a dû abandonner son projet herculéen l’an dernier. Aujourd’hui de retour à Menton, l’homme de tous les exploits a pris la plume pour raconter son histoire. Dans un récit intime et percutant, Joe Kals évoque son enfance et relate le jour où tout a basculé. « À l’âge de 20 ans, j’ai eu une section à la moelle épinière en 12e dorsale, ce qui entraîne une perte de sensibilit­é et de motricité en dessous du nombril. Depuis, je suis esclave des dysfonctio­nnements de mon corps et j’ai l’angoisse permanente de l’infection urinaire et des escarres. »

Un livre et un nouvel exploit en 

Au fil des pages, on découvre également les souffrance­s du quotidien. « Derrière les exploits sportifs, il y a également toute la frustratio­n de vivre en fauteuil, et cela pour toujours, détaille-t-il. J’ai très régulièrem­ent des douleurs à la hanche qui me donnent envie de me taper la tête contre les murs. » Joe Kals décrit également les multiples humiliatio­ns liées à son handicap. Avec l’écriture de cet ouvrage, le Mentonnais tente d’alerter la population et les chercheurs sur les conséquenc­es d'une section de la moelle épinière. Friand des défis sportifs, Joe Kals souhaite également que son livre puisse financer un nouvel exploit. « Pour 2021, j’aimerais monter, en marche pendulaire, un building dans chaque capitale de notre planète. »

Savoir +

Le livre Soleil de minuit de Joe Kals sort le samedi 15 février. A cette occasion, il organise une séance de dédicaces à l’entrée de la piétonne à Menton, chez Pétra, au snack « Croq chaud ».

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(Photos Jean-François Ottonello) L’Esatitude Menton possède trois vergers et produit jusqu’à  tonnes d’agrumes tous les ans.
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Avec l’écriture de son premier livre, Joe Kals alerte la population et les chercheurs sur les conséquenc­es d'une section de la moelle épinière. (Photo S.W.)

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