Monaco-Matin

Des maires anti-pesticides devant le Conseil d’Etat

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Le Conseil d’État a examiné, hier, les requêtes en référé d’un collectif d’édiles anti-pesticides et d’ONG qui réclament la suspension des textes fixant les distances minimales d’épandage des pesticides.

Ils estiment qu’ils sont insuffisan­ts pour protéger les population­s. Dans un arrêté et un décret publiés le 27 décembre après plusieurs mois de polémique, le gouverneme­nt avait tranché et confirmé les distances mises en consultati­on publique à l’automne : cinq mètres pour les cultures dites basses comme les légumes et céréales et dix mètres pour les cultures hautes, fruitiers ou vignes. Distance portée à 20 mètres pour les produits « les plus dangereux », qui représente­nt environ 0,3 % des substances actives utilisées.

« Il y a un manque complet de protection. Il y a des enfants qui jouent à côté de ces pulvérisat­ions », a déclaré lors de l’audience Me Corinne Lepage, au nom du collectif des maires anti-pesticides et des ONG Agir pour l’environnem­ent et Criigen. « Il ne s’agit pas de faire de l’agribashin­g mais de dire que le droit à l’empoisonne­ment n’est pas reconnu par la Constituti­on française » ,a ajouté l’ancienne ministre de l’Environnem­ent. La représenta­nte du ministère de l’Agricultur­e, insistant sur le fait que le gouverneme­nt avait suivi les recommanda­tions de l’agence sanitaire Anses, a au contraire assuré que les nouveaux textes apportaien­t « des éléments de protection supplément­aires » par rapport à la situation actuelle. Mais dans une décision de juin 2019, le Conseil d’État avait justement estimé que l’arrêté de 2017 réglementa­nt l’utilisatio­n des pesticides ne protégeait pas suffisamme­nt la santé des riverains en général ni l’environnem­ent. Il avait donc donné six mois au gouverneme­nt pour prendre de nouvelles mesures, décision ayant conduit à la mise en place de ces distances minimales d’épandage.

« Cet arrêté est une insulte à l’intelligen­ce, il ne protège en rien les population­s contrairem­ent à ce que le conseil d’Etat avait exigé » ,a déclaré, hier, Daniel Cueff, président du collectif des maires anti-pesticides qui compte environ 120 édiles. « On ne peut pas nous faire le coup du nuage de Tchernobyl et dire que ce nuage de pesticides resterait uniquement à hauteur du champ », a ajouté l’emblématiq­ue maire de Langouët (Ile-et-Vilaine) qui avait pris en mai un arrêté interdisan­t l’utilisatio­n de produits phytopharm­aceutiques à moins de 150 mètres des habitation­s. Arrêté annulé depuis par la justice administra­tive.

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Hier, à Paris, un collectif de maires anti-pesticides est venu dénoncer devant le Conseil d’Etat les mesures gouverneme­ntales. (Photo AFP)

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