Oscars : la Palme d’or qui parasite les votes
Palmé à Cannes, succès en salles (1,5 million d’entrées France) et récompensé dans toutes les cérémonies intermédiaires, Parasite de Bong Joon-ho était l’un des grands favoris des 92e Oscars. Il ne laissait pas beaucoup de chances à ses concurrents dans la catégorie du Meilleur film étranger (et notamment aux Misérables de Ladj Ly qui repartent bredouilles, comme tous les autres Français sélectionnés). Mais on ne s’attendait quand même pas à ce qu’il cumule cette récompense avec celles du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario original. Une razzia totalement inédite et plutôt étonnante pour un film coréen sur la lutte des classes ! Entre thriller social et farce macabre, Parasite raconte comment une famille de miséreux finit par prendre la place des riches bourgeois chez lesquels le fils, la fille, la mère et le père se font tour à tour embaucher en cachant leurs liens de parenté.
Le sujet, son traitement à la frontière de plusieurs genres et la mise en scène virtuose de Bong Joon-ho (Memories of Murder, The Host, Mother) ont fait l’unanimité parmi les professionnels du cinéma qui ont vu le film depuis Cannes. Au point que le César du film étranger lui semble déjà acquis.
Un chef d’oeuvre ?
Parmi les rares à émettre des réserves sur le film, qui ne nous paraît pas être un tel chef-d’oeuvre (l’intrigue est quand même un peu balourde), on se demande aujourd’hui ce qui a bien pu séduire à ce point les votants des différentes cérémonies ? La critique sociale acerbe du film, un certain sentiment de culpabilité parmi l’élite privilégiée du cinéma, la volonté de s’ouvrir à d’autres cinématographies et le panurgisme inhérent à ce type de cérémonie, ont sans doute pesé sur les résultats. Parasite est-il un tel chef d’oeuvre qu’il méritait d’être le premier film non anglophone à décrocher l’Oscar du meilleur film (ce que n’avait pas réussi à faire Roma, l’an dernier) ? Pour en juger, on pourra utilement (re)voir le film qui ressort en salles la semaine prochaine en version noir et blanc. Pour le reste, pas de surprises au palmarès de ces 92e Oscars (voir en encadré) : tous les favoris y sont, même si 1917 de Sam Mendès et Once Upon a Time... in Hollywood de Quentin Tarantino auraient pu être mieux pourvus. La cérémonie, très musicale, avec des prestations d’Eminem, Elton John et Billie Eilish (on se serait cru aux Grammy Awards !) a réservé, comme toujours, son lot de glamour, de rires, d’émotion et de discours engagés. Comme l’an dernier, aucun maître de cérémonie ne l’animait et ça n’a, semblet-il, manqué à personne. Une idée à retenir pour les César ?