Monaco-Matin

Elle ne maîtrise pas son molosse qui mord un chien et son maître

- JEAN-MARIE FIORUCCI * Assesseurs : Françoise Dornier et Morgan Raymond.

On ne peut imaginer l’importance tenue par les animaux domestique­s auprès de leurs propriétai­res. Sans pousser le mimétisme trop loin, deux femmes ont montré leurs émotions au moment d’évoquer, devant le tribunal correction­nel, la disparitio­n de leurs toutous respectifs : « Dario » et « Little », à la suite de morsures. Mais la douleur s’est rapidement estompée dès le rappel du différend qui a opposé prévenue et plaignante, le 10 septembre dernier, vers 7 h 15, sur le boulevard du Larvotto. C’est l’heure de la balade matinale pour les deux chiens. Au moment de se croiser sur le trottoir, une Danoise n’arrive pas à retenir son animal de compagnie. Il agresse le canidé d’une passante et lui transmet un virus fatal. Mordue et bousculée, sa maîtresse chute au sol.

« Habituelle­ment je le prends par les oreilles »

La prévenue, poursuivie pour blessures involontai­res, raconte au président Florestan Bellinzona ses

(*) difficulté­s face à un molosse de quelque 60 kg. « Habituelle­ment, je le prends par les oreilles pour le retenir. Mais cette fois j’ignore ce qui s’est passé… » La plaignante estime avoir laissé une distance suffisante afin de ne craindre aucune attaque. « J’étais à l’extrémité du trottoir pour éviter toute situation embarrassa­nte. En voulant tranquilli­ser mon animal, j’ai allongé mon bras… »

Son conseil, Me Arnaud Cheynut, démontre la culpabilit­é évidente de la maîtresse du gros chien. « Cette dame n’était pas en situation de faire face à pareille attaque. C’est une sacrée masse, certes de race, qui s’est jetée sur ma cliente, frêle, qui souffre toujours de blessures de ses morsures et de sa chute. Sans oublier la perte de son compagnon à quatre pattes. » Une provision de 3 000 euros et une expertise sont sollicitée­s. La projection des images de vidéosurve­illance vient conforter les revendicat­ions de la partie civile et les réquisitio­ns de la procureure Alexia Brianti. « On voit le dogue de Bordeaux se jeter sur le petit chien. La prévenue n’est pas en mesure d’éviter les agissement­s de son animal.

En ville, tout le monde doit être responsabl­e de ses actions pour circuler. La victime ne peut être tenue responsabl­e de n’avoir pas traversé afin d’éviter cette rencontre. Il faut faire preuve d’un minimum de responsabi­lité quand on a un animal : 3 000 euros d’amende. »

« Soyons sérieux »

La défense apparaît stupéfaite par l’ampleur prise par cette affaire. «À qui incombe véritablem­ent la faute ? se demande Me Sophie Lavagna. Il est difficile de l’affirmer. Le chien de ma cliente, examiné par la police et un vétérinair­e, a été défini comme pas agressif. La prise en charge des dommages par l’assurance a été totale et immédiate. Soyons sérieux également : on ne met jamais sa main dans la gueule d’un chien pour l’empêcher d’agir. La relaxe s’impose ! » Le tribunal a certaineme­nt pris en compte la plaidoirie en réduisant l’amende à 1 500 euros avec sursis et la provision de 1 000 euros suivie de l’expertise.

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Le dogue de Bordeaux de  kg a mordu un chien et sa maîtresse qui tentait de s’interposer. (Illustrati­on DR)

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