Tende : une lueur d’espoir pour le nouveau tunnel
Après les déclarations pessimistes du gouvernement italien, les chances de voir redémarrer le méga chantier remontent, selon les élus français et italiens. Les prochains jours seront décisifs
ÀTende, ces jours-ci, le thermomètre passe allègrement de 2 à 12°C en l’espace d’une matinée. Les nouvelles en provenance d’Italie, elles aussi, soufflent le chaud et le froid.
Le méga chantier du col de Tende sera-t-il mené à bien à l’horizon 2024 ? Ou faudra-t-il tout reprendre à zéro ? Cette question, à quitte ou double, agite les élus de la Roya comme du Piémont.
Mardi, Salvatore Margiotta, sous-secrétaire d’Etat italien aux Transports, se montrait très pessimiste (notre édition de Menton de jeudi). Hier, un vent d’optimisme soufflait à nouveau au col de Tende.
« Il y a eu des rencontres à Rome, avec de nouveaux développements. Et ce n’est pas terminé. Des développements positifs peuvent survenir dans les tout prochains jours. Je suis confiante », assure Germana Avena, maire de Roccavione. Hier matin, l’élue piémontaise expose les dernières tendances à son homologue Jean-Pierre Vassallo. Le téléphone portable du maire de Tende, lui aussi, chauffe fort ces jours-ci.
Compromis à l’étude
Vous n’avez rien suivi à cette commedia à l’italienne ? Résumons. 2014 : un chantier à plus de deux cents millions d’euros démarre au col de Tende. Il est piloté par l’Italie et co-financé par la France. Objectif : percer un second tunnel et réaménager l’ancien.
2017 : la justice italienne stoppe le chantier et met en examen 16 personnes, après la découverte du vol de 200 tonnes de matériaux. 2019 : le consortium turinois Edilmaco, deuxième lors de l’appel d’offres, reprend le flambeau de la Fincosit, géant du BTP éclaboussé par l’affaire. Le coût des travaux restants est estimé à 110 millions. Février 2020 : le chantier endormi s’anime peu à peu. Mais Edilmaco réclame une rallonge conséquente, après la découverte de nouvelles malfaçons et de surcoûts. Ce mardi, les négociations avec l’Anas (l’agence nationale des routes italiennes) étaient sur le point d’achopper. Mais selon nos informations, un compromis financier pourrait finalement se profiler.
Verdict imminent
Devant l’entrée du tunnel de Tende, Jean-Pierre Vassallo est à nouveau au téléphone. Il échange avec un responsable d’Edilmaco. À l’issue, le maire se montre prudemment rassuré. Il observe toutefois que les autorités italiennes « n’ont plus de crédibilité », après une telle série de rebondissements.
Au même instant, un véhicule de l’Anas s’arrête à notre hauteur. Depuis Turin, des opérateurs vidéo ont repéré le va-et-vient des journalistes de Nice-Matin et La Stampa. Deux agents ont été dépêchés de Cuneo. Pour veiller à notre sécurité, mais aussi surveiller nos faits et gestes. Signe de la nervosité qui entoure ce chantier.
« Edilmaco a nettoyé », admet JeanPierre Vassallo, en longeant la route qui mène au tunnel : nouvelle signalétique, plots de béton bien alignés, filets orange... Mais le col de Tende reste un vaste chantier à ciel ouvert. « C’était un lieu magnifique », peste le maire, remonté contre cette « situation ubuesque ».
Une rupture du contrat avec Edilmaco induirait un nouvel appel d’offres. Soit plusieurs années de retard supplémentaires. « Ce serait une catastrophe économique » ,estime Germana Avena. Elle espère une issue « positive » en début de semaine prochaine.