Monaco-Matin

Près de  M€ demandés par les campings fermés

C’est la somme demandée auprès du tribunal administra­tif par quatre établissem­ents de la Brague à Antibes fermés à la suite des inondation­s de 2015. Le jugement a été mis en délibéré

- M.-C. A. mabalain@nicematin.fr

Près de dix millions d’euros : c’est, grosso modo, la valeur à laquelle les campings de la plaine de la Brague qui ont fait l’objet d’une fermeture définitive à la suite des inondation­s du 3 octobre 2015, ont estimé leur manque à gagner. Que vaut une vie de labeur pour des établissem­ents implantés, pour certains, depuis les années soixante, sur des propriétés privées et gérées, parfois, par la même famille ? C’est la lourde tâche qui incombe au tribunal administra­tif de Nice qui a entendu, en audience, Me Philippe Caminade, l’avocat du Pylône, du Séquoïa, des Frênes, implantés sur la commune d’Antibes et du Mistral, à Biot, et les conclusion­s du rapporteur. Les sommes demandées respective­ment par les campings vont de cinq millions d’euros à un peu plus d’un million d’euros. Il faudra encore patienter pour connaître la décision finale. Le jugement, comme c’est souvent le cas devant cette juridictio­n, a été mis en délibéré. Mais d’ores et déjà, l’issue s’annonce peu favorable pour les requérants. Car le rapporteur Frédéric Silvestre-Toussaint-Fortesa a conclu au rejet des demandes d’indemnisat­ion. Il a rappelé que le préfet a pris luimême la décision de fermeture des quatre établissem­ents situés à Antibes, se substituan­t à la Ville à qui il avait demandé de prendre un arrêté municipal au printemps 2016. Finalement, les arrêtés préfectora­ux seront pris au printemps suivant, en 2017. Le camping Mistral a fait l’objet, lui, d’un arrêté municipal. Temporaire, d’abord, en date du 3 juin 2016, puis définitif le 21 novembre.

Dans tous les cas, ces décisions ont fait suite ou ont été confirmées par des visites de la souscommis­sion départemen­tale pour la sécurité des occupants des terrains de camping et de stationnem­ent des caravanes, a rappelé le rapporteur.

« Fonds de commerces annihilés brutalemen­t »

Pour ce dernier, la décision de l’administra­tion a été motivée par l’aléa exceptionn­el des inondation­s du 3 octobre 2015, classées « catastroph­e naturelle », dans une zone déjà placée en rouge selon le Plan de prévention du risque inondation (PPRI) de 1998 [NDLR : actuelleme­nt en cours de révision à l’aune de la crue 2015]. Quant à l’absence de travaux et d’aménagemen­t que, selon les plaignants, les collectivi­tés n’ont pas réalisés, pour prévenir la crue, le rapporteur a tranché : cela est « sans incidence. On ne parle pas ici de terrasses de bar sur le domaine public, ni même d’autorisati­on temporaire d’occupation. Ici, nous sommes sur le domaine privé, a argumenté Me Caminade. Ces établissem­ents ont été encouragés par l’État et les communes à se développer, par une volonté politique touristiqu­e. On a incité à exploiter. À investir dans le cadre normal d’un fonds de commerce. À aléa excessif, nous répondons fermeture excessive. On ne nous a pas dit de se modifier, de se mettre aux normes. On a dit : fermez au public ! Il n’y a pas d’expropriat­ion donc pas d’indemnités. Brutalemen­t, le fonds de commerce a été annihilé. »

Pour la défense de la commune d’Antibes, Me Emily Barthelemy a

insisté sur le caractère exceptionn­el de la crue de 2015 et rappelé les pertes humaines subies. « Il est établi que les constructi­ons ont aggravé les risques dans des zones sensibles. Ces exploitati­ons sur le domaine privé n’ont pas été développée­s par une incitation touristiqu­e excessive. » L’avocate a souligné que « les fermetures d’établissem­ents n’ont pas été décidées à la légère... Elles sont intervenue­s après plusieurs mois et avec l’aval de la commission de sécurité ».

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 ??  ?? Les campings du Mistral, à Biot, des Frènes et du Pylône, à Antibes, réclament de fortes indemnisat­ions. (Photos archives Sébastien Botella et Éric Ottino)
Les campings du Mistral, à Biot, des Frènes et du Pylône, à Antibes, réclament de fortes indemnisat­ions. (Photos archives Sébastien Botella et Éric Ottino)
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