Monaco-Matin

Franck Dubosc à « Fifty/fifty » mais pas qu’à moitié !

Dans son cinquième one man show, ce soir à La Palestre, au Cannet, l’humoriste fait toujours rire avec ses vannes, mais ne se cantonne plus à la caricature du frimeur mytho qu’il s’est créé Authentiqu­e !

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr Savoir + :

Àvingt ans, il jouait à être une vedette, posant devant un théâtre dans un costume d’occasion, pour un rendezvous imaginaire avec une comédienne. À cinquante ans passés (il en a 56), son rêve s’est réalisé, sans doute au-delà des espérances. Un improbable slip mouleburne­s l’a rendu aussi populaire que le président Chirac. Mais le frimeur mythomane qui a fait son succès a de plus en plus tendance à s’effacer, pour laisser place au vrai Franck Dubosc. Papa débordé, sur grand écran (Dix semaines sans maman) comme dans la vie, cet éternel gamin a mis tout le monde d’accord avec Tout le monde debout, son film à la fois drôle et sensible sur le handicap. Et même si « à 50 balais, le plus dur c’est que tu es un vieux pour les jeunes et un jeune pour les vieux. T’es fifty/fifty, mi-figue mi-raisin… sec pour le coup ! », cet âge charnière pourrait bien donner naissance à une seconde carrière. Où l’artiste n’a plus besoin de surjouer pour révéler un talent à maturité. À vérifier ce soir à La Palestre, pour la dernière date de sa tournée. Pour toi, public !

Vous habitez Mougins depuis quelques années. Ça fait quoi de venir jouer au Cannet en voisin ?

C’est très agréable, parce que c’est un peu comme passer un week-end à la maison, en famille, et il y aura pas mal d’amis dans la salle de La Palestre. Je me partage entre le Nord et le Sud parce que mes enfants sont scolarisés à Paris, mais Mougins, c’est là où je me ressource vraiment, c’est mon havre de paix. Et c’est aussi de là que je prends mon élan !

Dans votre show précédent, on vous avait quitté à l’état sauvage. Et là, passé  ans, vous êtes dans quel état ?

Ah, la cinquantai­ne, c’est plus un prétexte pour raconter des moments de vie, qui ne concernent pas que les quinquas. C’est la première fois que je ne parle pas uniquement de moi, mais de tout, tout en jouant avec encore plus d’authentici­té. Avec ce spectacle, il y a comme un déclic, et le public le sent.

Paradoxale­ment, on vous découvre davantage ?

Oui, c’est comme un lâcher prise, parce que je n’ai plus besoin de me cacher complèteme­nt derrière mon personnage. Je suis moins dans la caricature, car j’ai

Tout le monde debout, votre film d’acteur réalisateu­r où votre personnage de charmeur a plus de profondeur, annonçait déjà cette métamorpho­se non ?

C’est vrai. J’ai écrit ce spectacle juste après l’écriture du film, et effectivem­ent j’ai utilisé cette méthode : ne pas chercher à faire plaisir à tout prix, mais me faire plaisir avant tout. Et ça s’est ressenti aussi dans la façon de jouer, où je suis davantage moi.

Les effets de l’âge ou de l’expérience ?

Ce n’est pas une question de vieillisse­ment ni de maturité, c’est juste que je commence à mieux me comprendre. Après vingt ans de spectacle, la scène m’a servi d’analyse !

Vous êtes passé du jeune French lover de vos débuts en Angleterre à « vieux beau » ?

À la cinquantai­ne, on n’est ni tout à fait vieux, ni tout à fait beau non plus ! [rires] Mais comme je le sais, je l’assume, et je préfère en rire en exprimant davantage de choses, en me diversifia­nt.

Mais pas question non plus d’abandonner les grosses vannes. Vous dites notamment : « Une nounou, j’ai voulu essayer, mais ma femme a fait un drame » ; « J’aime toujours uriner dans le lavabo… quand il n’y a pas trop de vaisselle ! » ,ou encore « je dis souvent je t’aime quand je fais l’amour… mais ma femme n’est pas toujours là ! »

Oui, mais j’ai quand même coupé tout un passage, que je trouvais drôle et qui faisait rire mais qui était trop misogyne. C’est un rire qui me trahissait car ce n’est pas du tout ce que je pense au fond. Mais je parle plus globalemen­t du couple, de l’argent, de la célébrité, de toutes ces soi-disant différence­s qu’on imagine entre la vie de tous les jours des gens et celle des artistes.

Personnage ou pas, vous gardez un public fidèle ? Parce qu’ils apprécient aussi ce qu’ils perçoivent de vous, au-delà de l’artiste. Une célébrité aux origines modestes ?

Ceux qui m’aiment me suivent. Je sais d’où je viens, je sais aussi où je vais, et c’est très difficile de séparer les deux mais il faut aussi avancer dans la vie.

Mais vous voulez toujours faire rire ?

J’aime faire rire, mais j’aime surtout émouvoir. Là, je suis en train d’écrire mon prochain film, et il y a les deux, le rire et les larmes, c’est un même plaisir de cinéma.

Vous pouvez nous en dire quelques mots ?

C’est l’histoire d’un papa qui a abandonné sa femme et sa fille âgée de dix mois. Des années plus tard, après un malaise cardiaque, ce chauffeur de bus retrouve sa fille dans un cours de danse où elle est professeur. Ils vont devoir apprendre à se connaître. Il y aura onze mois de tournage à Paris et en Espagne.

De quoi êtes-vous le plus fier ? D’avoir été parrain du Téléthon ou d’avoir écrit et réalisé un film comme Tout le monde debout ?

Tout le monde debout .Le Téléthon, ce n’est pas une question de fierté, car ça fait partie des choses utiles que l’on peut accomplir en tant qu’artiste. On y a davantage notre place pour créer un élan sur une juste cause que sur un espace politique, je trouve.

Entre la scène et le cinéma, trop dur de choisir ?

J’aime beaucoup les deux, et c’est vrai qu’avec ma nouvelle façon d’appréhende­r mon personnage, je m’éclate vingt fois plus. J’aime aussi écrire, que ce soit un spectacle ou le scénario de Camping ou Disco, car j’ai la passion de raconter des histoires.

Votre évolution, c’est le début d’une seconde carrière ?

J’ai l’impression qu’elle commence ! Mais ce que je fais aujourd’hui, c’est aussi le résultat de Patrick Chirac dans Camping, et de tout ce que j’ai fait avant. Je n’ai pas un don particulie­r, j’ai travaillé beaucoup pour apprendre à faire ce que je fais aujourd’hui.

Vous espérez votre Tchao Pantin, un grand rôle dramatique ?

Pas forcément, j’en sais rien. En novembre, je vais tourner mon premier téléfilm à Nice, pour TF. Je joue un avocat, mais en réalité c’est aussi mon histoire. C’est très personnel, car ça parle de mon père et de sa maladie [N.D.L.R. : Lucien Dubosc était atteint de la maladie de Charcot, neurodégén­érative]. Ça me tient très à coeur et en même temps, j’ai peur de trahir mes souvenirs. Mais je ne veux pas oublier ce qu’il a été, ni comment il est parti à l’aube de mon succès.

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Je commence à mieux me comprendre, la scène m’a servi d’analyse”

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Un téléfilm tourné à Nice pour ne pas oublier qui a été mon père”

Vous regrettez, l’insuccès de Toute ressemblan­ce…, le premier film de Michel Denisot dans lequel vous jouez un présentate­ur vedette à la TV ?

Franchemen­t, je m’y attendais un peu. Denisot a fait ce film avec son coeur, j’ai beaucoup appris à travers ce rôle, et le tournage était une belle aventure humaine. Mais le grand public n’est sans doute pas intéressé par la vie d’un homme tronc, qu’il ne peut pas côtoyer de près.

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(Photo Patrice Lapoirie) Au-delà du personnage qu’il s’est créé, Franck Dubosc est un comédien au talent multiple...

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