Monaco-Matin

Mairie de Paris : Griveaux contraint de jeter l’éponge

Le candidat LREM a été victime d’une « pornodivul­gation » diffusée sur les réseaux sociaux. Une américanis­ation de notre vie politique ?

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Foire aux ordures », « abominatio­n », « naufrage voyeuriste » : les responsabl­es politiques ont unanimemen­t condamné, hier, la diffusion sur le Web de la vidéo intime à l’origine de la chute de Benjamin Griveaux, une « menace pour la démocratie » selon eux. Une action revendiqué­e par Piotr Pavlenski, réfugié politique russe en France [lire ci-dessous], qui rappelle, de façon inquiétant­e, des procédés déjà utilisés outre-Atlantique.

« L’attaque indigne qu’il subit est une menace grave pour notre démocratie », a tweeté Cédric Villani, candidat dissident exLREM à la mairie de Paris, après le retrait de son rival.

« Tous les coups ne sont pas permis »

« La publicatio­n d’images intimes pour détruire un adversaire est odieuse. Refusons le naufrage voyeuriste de la vie publique du pays. Non, tous les coups ne sont pas permis » ,a lancé, hier, le patron de LFI Jean-Luc Mélenchon sur Twitter. Egalement indignée, la présidente du RN Marine Le Pen, même si elle trouve que Benjamin Griveaux « s’est incontesta­blement comporté de manière irresponsa­ble », se demande s’il « n’a pas été en réalité victime aussi d’un coup monté ». Une méthode qui pourrait être utilisée « contre d’autres responsabl­es politiques pour pouvoir déstabilis­er le processus démocratiq­ue dans une élection ».

« Jusqu’où ira-t-on dans la honte et l’abominatio­n ? Ce n’est plus aux chiens qu’on livre les hommes désormais, mais aux rats planqués au fond des pires égouts », affirme l’ancienne socialiste et ministre de la Culture, Aurélie Filippetti sur Twitter.

Du Havre, le Premier ministre Edouard Philippe a exprimé sa « sympathie » et son « soutien » à Benjamin Griveaux et le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner juge que ces faits devaient « être poursuivis » car sinon c’est «lesystème démocratiq­ue qui serait emporté ».

« Boules puantes »

A Paris, la porte-parole du gouverneme­nt Sibeth Ndiaye dénonce, comme la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, des « boules puantes ».

« Je pense que de Gaulle et Séguin se retournent dans leurs tombes », complète le sénateur LR Roger Karoutchi, qui trouve « détestable de devoir se retirer pour des raisons pareilles ». La députée insoumise Clémentine Autain souligne que « rien d’illégal dans ce qui est révélé à ce stade sur Benjamin Griveaux. Son intimité sexuelle ne devrait pas se retrouver sur la place publique [...] Ce climat est inquiétant d’un point de vue démocratiq­ue ».

« Bienvenue aux Etats-Unis »

« L’étanchéité avec la vie privée est à maintenir », défend Sébastien Chenu député du Rassemblem­ent national dans un tweet. « Une société démocratiq­ue ne peut pas être une démocratie du trou de serrure. On ne cherche pas à élire des saints mais des gens qui ont des projets, des compétence­s. »

Pour Christophe Barbier, ancien directeur de la rédaction de L’Express, Benjamin Griveaux a tout de même fait l’erreur de « sous-estimer l’américanis­ation de la vie politique française » , car «onnesaitpa­s d’hier matin que les réseaux sociaux peuvent se retourner contre vous ».

Une américanis­ation également perçue par Alain Duhamel, éditoriali­ste à BFMTV : « Ce qui s’est passé, c’est bienvenue aux États-Unis ! Commencer à utiliser les réseaux sociaux pour dévoiler ce qui relève de la vie privée, utiliser la vie privée comme argument politique massif, c’est ce qu’il y a de pire dans la vie politique américaine. »

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