L’artiste russe Pavlenski revendique la « porno-politique » contre l’« hypocrisie »
L’artiste contestataire russe Piotr Pavlenski [photo AFP] a déjà à son actif quelques faits d’armes notoires. Il a incendié en Russie les portes du siège de l’ex-KGB, il s’est cloué la peau des testicules sur les pavés de la place Rouge et il s’est cousu les lèvres en signe de soutien au groupe contestataire russe Pussy Riot. Hier, il a revendiqué avoir « ouvert la première plateforme “porno-politique” » en recevant l’Agence France Presse (AFP) dans les bureaux de son avocat, Juan Branco, qui avait défendu Julian Assange, fondateur de Wikileaks.
L’avocat a expliqué avoir été « approché » par l’artiste qui se revendique de l’« art politique » pour « avoir un avis juridique sur la situation » et « vérifier la fiabilité de la vidéo ». Il dément, en revanche, tout rôle dans la divulgation de la vidéo.
La séquence a été publiée « sur un site clandestin sans mention légale, hébergé aux États-Unis, lié, dit-on, à un activiste russe », a commenté l’avocat Richard Malka, conseil de Benjamin Griveaux, qui lui a demandé « d’engager des poursuites contre toute publication » qui ne respecterait pas sa vie privée.
Haro sur Griveaux !
Piotr Pavlenski, qui s’est réfugié en France après avoir purgé en Russie sept mois de détention pour avoir «endommagé » la Loubianka, siège historique des services de sécurité russes, se dit désormais « français et parisien » et concerné par la politique française. « Benjamin Griveaux a commencé sa campagne avec une hypocrisie dégoûtante : il a utilisé sa famille en se présentant en icône pour tous les pères et maris de Paris. Il a fait de la propagande des valeurs familiales traditionnelles », dénonce-t-il.
Le journal Libération indiquait, hier matin, que l’artiste lui avait affirmé « tenir cette vidéo d’une “source” qui avait une relation consentie avec Benjamin
Griveaux ». A l’AFP, il refuse de préciser comment il a obtenu la vidéo en arguant de la « protection » de sa source. Interrogé sur les critiques quasi-unanimes de la classe politique française sur ses méthodes, l’artiste militant russe se borne à dire que « chacun a son idée de ce qui est beau ou ignoble ». « Je m’en fiche de la personnalité de Griveaux, c’est une question de principe. C’est comme si un militant contre les violences faites aux femmes tabassait la sienne tous les soirs », dit-il.
En route vers une moralisation de la classe politique ?
Si ses performances en Russie visaient à dénoncer l’Etat policier, en France il souhaite maintenant s’attaquer à « l’hypocrisie qui est devenue la norme ». « Cela ne doit pas être considéré comme normal. C’est normal pour un acteur au théâtre », mais pas « pour un homme politique », estime-t-il en ajoutant que sa plateforme sera le « support » pour cette « dénonciation ».