Un trésor dans l’ancien presbytère de Saint-Tropez
En pleine démolition pour devenir une énième enseigne de luxe, le bâtiment recélait, dissimulée dans une cheminée, une énorme quantité de pierres précieuses
Un trésor ! Il y avait un trésor caché dans l’ancien presbytère tropézien de la rue Gambetta !
Vendu en 2017 par l’évêché à un homme d’affaires belge, spécialisé dans ces centres commerciaux de luxe, pour la somme astronomique de 8,5 millions d’euros, le bâtiment est en cours de démolition pour être reconstruit. C’est au cours de cette mise à bas, qu’un ouvrier a fait une découverte exceptionnelle. En cassant une cheminée, voilà qu’il a découvert dans une cache, visiblement faite à dessein, plusieurs petites boîtes métalliques de cigarillos.
Et dans les boîtes, c’est un vrai trésor que le jeune homme a découvert : rubis, émeraudes, saphirs et même un diamant !
■ Rubis, émeraudes et saphirs
Des dizaines de pierres précieuses, plus d’une soixantaine, dont certaines énormes.
Le jeune « inventeur » (puisque c’est le nom qu’on donne à celui qui trouve un « trésor »), a finalement porté sa trouvaille à la brigade de gendarmerie de Saint-Tropez.
N’étant pas spécialisés dans les affaires civiles (c’est ici le cas), les gendarmes, après avoir fait néanmoins une procédure transmise au parquet de Draguignan, ont fait appel aux services de la mairie tropézienne.
Les pierres ont alors été confiées à un bijoutier local pour expertise. Il apparaît qu’elles ne sont pas d’exceptionnelle qualité.
Mais quand même. Leur découvreur les a ensuite récupérées.
Peu habitués à ce genre d’événement eux aussi, les services municipaux ont écrit au préfet de Région, pour savoir qu’elle était la marche à suivre dans ce cas exceptionnel. Aucune réponse n’est encore revenue. « S’agissant de pierres précieuses, il nous a semblé logique de nous adresser au niveau régional, la
DRAC pouvant être concernée », dit-on en mairie. On sait toutefois que dans ce genre de situation, la moitié du trésor doit revenir au découvreur et l’autre au propriétaire du bien dans lequel il a été trouvé.
On ne connaît pas encore la position de l’homme d’affaires belge, Patrick Huin, qui lui aussi a été prévenu de la découverte.
■ Qui et depuis quand ?
Enfin, le bâtiment appartenant précédemment au diocèse de Fréjus-Toulon, le curé de la paroisse, le père Gouarin a, lui aussi, été averti. « J’ai prévenu l’évêché par mail. Je n’ai pas encore eu de réponse », dit-il. Au-delà de toutes ces incertitudes, il reste quand même des questions importantes qui n’ont pas et n’auront peut-être jamais de réponse. Qui a dissimulé ces pierres ? Qui s’était procuré ce trésor ? Comment ?
Les boîtes de cigarillos qui les contenaient étaient revêtues de la mention « Fumer tue ».
Ce qui laisse à penser que l’affaire n’a pas plus de vingt ans, puisque la réglementation sur le tabac date à peu près du début du XXIe siècle.
Mais les pierres sont-elles plus anciennes, ont-elles été « reconditionnées » dans les boîtes après avoir été trouvées dans un autre endroit du presbytère ?
Il faut se souvenir que la demeure abritait les curés de Saint-Tropez depuis 1928. Les pierres ont-elles été laissées dans la maison par les anciens propriétaires à l’époque de la vente, redécouvertes il y a quelques années et placées dans les boîtes métalliques ? Pourquoi ont-elles été ainsi dissimulées au regard de tous ?
Enfin, quand le presbytère a été vendu par l’évêché, pourquoi n’ont-elles pas été récupérées ?
On se prend à penser que dans l’entourage de l’évêque, qui reste muet, on doit se maudire un peu d’être passé à côté de cette manne...
■ Un diamant a déjà disparu !
On l’aura compris, l’affaire du trésor de la rue Gambetta n’a pas fini de faire parler. D’autant plus que les pierres présentées ci-dessus en photographie, étaient donc aussi assorties d’un diamant de bonne taille, lorsqu’elles ont été découvertes. Diamant dont les services municipaux tropéziens ont vu la photo, faite par le découvreur, mais qui n’était pas avec le reste des pierres.
L’homme affirme en effet que, pris dans le vertige de sa découverte, il l’a montré à une personne qui s’est avérée de peu de confiance et la pierre a disparu. Un mystère de plus.
Le pays cher à de Funès a aussi maintenant son Youkounkoun(1)...
Le presbytère de Saint-Tropez a beaucoup fait parler de lui lors de sa vente, très contestée par les paroissiens qui y étaient attachés. Ses décombres viennent de révéler un dernier feu d’artifice qui vient encore enrichir sa légende !
(1) Le Youkounkoun est le diamant caché dans le klaxon de la voiture de Louis de Funès dans le film « Le corniaud ».