Monaco-Matin

En désarroi, les usagers de la RD 2566 se mobilisent

Face à la lenteur des travaux de réouvertur­e, les habitants du haut pays mentonnais en ont ras-le-bol. Huit cents d’entre eux ont constitué un collectif de défense sur Facebook. Deux pétitions circulent

- CAROLINE GERE

Deux mois après le dernier éboulement important survenu au petit matin du 24 novembre 2019, au niveau du hameau de Monti, les usagers de la route départemen­tale RD 2566 ont fait le choix d’unir leurs voix pour se faire entendre. En effet, l’axe principal entre la Riviera Française et le haut pays mentonnais – reliant les communes de Menton, Castillon et Sospel – étant fermé à la circulatio­n depuis le sinistre, devait être rouvert en alternance courant janvier.

Cependant, la découverte de nouvelles instabilit­és a contraint le départemen­t à prolonger le chantier et à reporter l’ouverture partielle de la route. Les quatre mille automobili­stes et motocyclis­tes obligés de passer par Castellar (route de la Condamine) ou prenant l’autoroute par l’Italie (via la SS20, col du Vescavo) pour rejoindre Menton et Monaco, ou par la RD 2204 (col de Braus) pour atteindre Nice par l’Escarène, mais aussi les Castellaro­is qui voient depuis fin novembre leur RD 24 envahie aux heures de pointe, tous gagnés par la fatigue, l’agacement et l’incertitud­e face à l’avancement des travaux, ont plutôt mal accueilli la nouvelle.

Pour faire bouger les choses

Ils se sont d’abord rassemblés en intégrant le groupe Facebook « Collectif pour une nouvelle route SospelMent­on » créé le 21 janvier et qui compte aujourd’hui près de 800 membres, sospellois en majorité, mais aussi moulinois, castillona­is, castellaro­is, mentonnais et habitants du hameau de Monti. Deux pétitions se sont également mises à circuler sur Internet, la première initiée par une Castillonn­aise, la seconde par le collectif en question. Une habitante de Sospel, Sophie

Derrida, ayant ressenti l’urgence et la nécessité d’agir de manière collective et structurée, s’est lancée dans l’aventure de la création de ce « collectif pour une nouvelle route Sospel-Menton » en s’engageant avant tout au service de l’humain, la communicat­ion et la sécurité. « J’ai eu l’impression, à lire certains commentair­es sur les réseaux sociaux, que le désarroi de nombreuses personnes n’était pas pris en considérat­ion. Aussi, face à la faible communicat­ion sur l’évolution du chantier, je me suis dit qu’il fallait créer un collectif pour avoir accès aux informatio­ns que le service du départemen­t en charge du chantier ne communique pas spontanéme­nt au premier particulie­r qui en fait la demande. » Ainsi, Nicolas Portman, chef de la subdivisio­n départemen­tale d’aménagemen­t de Menton-Roya-Bevera (la SDA), a répondu aux questions du collectif et il est disposé à faire régulièrem­ent le point sur l’évolution des travaux. Pour le long terme, le collectif restera vigilant et en contact avec le départemen­t quant à l’améliorati­on des conditions de circulatio­n sur l’axe Sospel-Menton.

Les premiers jalons posés

Épaulée par Olivier Montaland et Laetitia Bertolucci, Sophie Derrida a créé l’associatio­n « dans le but de donner l’informatio­n la plus juste sur l’état de la route et de faire entendre les demandes des habitants des villages concernés par l’utilisatio­n de la RD 2566, jusqu’à la réouvertur­e de la route ».

Après les élections municipale­s, « un groupe de réflexion sera créé pour envisager l’avenir. Ce groupe accueiller­a les personnes souhaitant faire avancer la réflexion commune et particuliè­re à chaque village en rapport avec la route et pour l’améliorati­on de la vie des habitants. Les élus seront invités à y participer, précise Sophie Derrida. Toute personne souhaitant faire partie de ce groupe de réflexion sera la bienvenue ». La première assemblée générale de l’associatio­n, qui compte, aujourd’hui, environ 80 adhérents, s’est tenue le 8 février à Sospel : une cinquantai­ne de personnes s’y sont rendues pour mieux comprendre la complexité de la situation (sur la spécificit­é des travaux, les risques géologique­s, les enjeux économique­s et politiques), mais aussi pour partager leurs ressentis et leurs inquiétude­s, notamment au travers de questions sur la sécurité (que se passe-t-il en cas d’urgence médicale ou en cas d’incendie ?). Jean-Pierre Peglion, premier adjoint à la sécurité, a précisé que des pompiers supplément­aires étaient stationnés sur Sospel depuis l’éboulement et que le transport de blessé par hélicoptèr­e serait assuré si nécessaire, comme cela se fait déjà. Certaines personnes ont évoqué les difficulté­s rencontrée­s par le passé, à l’occasion des éboulement­s successifs de mars et avril 2013 (à proximité de Castillon et de Monti) : des souvenirs amers qui alimentent également les spéculatio­ns et les doutes sur la situation actuelle.

Particulie­rs et profession­nels à rude épreuve

Les questions relatives à la réouvertur­e de la route, en alternance puis définitive­ment, ont été nombreuses, en raison de la fatigue des usagers. Le passage par Castellar, qui est inadapté à un flot important de voitures, accentue les difficulté­s. Le passage par l’Italie, qui se fait dans de meilleures conditions, est cependant plus long et plus cher (péage).

Aussi, l’impact sur l’économie locale a été évoqué : la clientèle « de passage » qui se fait plus rare en raison de la difficulté d’accès aux villages du haut pays mentonnais – la signalisat­ion temporaire n’aidant pas toujours – et le manque à gagner pour les commerçant­s et restaurate­urs qui ne peuvent qu’attendre le retour des visiteurs avec celui des beaux jours.

Un certain soulagemen­t

À l’issue de sa première réunion, l’associatio­n n’a pas pu apporter des réponses immédiates à certaines questions, qui seront étudiées ultérieure­ment dans le cadre du groupe de réflexion, avec les élus souhaitant y participer. Mais au fil des échanges, une forme de soulagemen­t se dégage de la salle : celui d’avoir été entendus, de se sentir plus unis et moins démunis. Pour l’heure – et si tout se passe comme prévu s’il n’y a pas de nouveau mouvement de terrain ni d’autres complicati­ons d’ici là –, le départemen­t a assuré une réouvertur­e de la route en alternance pour la mi-mars et une réouvertur­e totale courant mai.

Savoir +

Renseignem­ents : groupe Facebook « Collectif pour une nouvelle route Sospel-Menton » https://www.facebook.com/groups/1250368221 837047/

Contact : collectif.sospel.menton@gmail.com

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(DR) La RD  qui dessert le haut pays mentonnais est actuelleme­nt impraticab­le à cause d’un éboulement important au niveau du hameau de Monti.
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Sophie Derrida (à droite), Olivier Montaland (au centre) et Laetitia Bertolucci (à gauche) sont venus répondre aux questions des personnes venues assister à la première assemblée générale. (Photo C.G.)

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