Monaco-Matin

Une campagne qui donne la nausée à Beausoleil

Stéphane Manfredi, à l’origine d’une dénonciati­on au Parquet national financier contre Gérard Spinelli pour détourneme­nt de fonds publics, fait lui-même l’objet d’une plainte pour viol

- JOËLLE DEVIRAS

Et soudain, rien ne se passe bien ! À quelque deux semaines du premier tour des élections municipale­s, les révélation­s ou accusation­s fusent, donnant un goût nauséeux à la campagne.

À Beausoleil, le maire sortant Gérard Spinelli doit faire face à un unique opposant : Stéphane Manfredi. Celui-ci fut responsabl­e du bâtiment Le Centre et du service du protocole à la mairie de 2012 au 24 juillet 2019, date à laquelle il fut suspendu à titre provisoire par le maire avant d’être exclu sur décision du conseil de discipline du centre de gestion, sans traitement et pour un an. Il est à l’initiative d’un épais dossier reçu par le Parquet national financier de Paris le 26 août dernier. Un ensemble de pièces que nous nous sommes procurées, notamment des factures de 2018 méticuleus­ement rassemblée­s et un argumentai­re précis et détaillé, destinés à accuser le maire de corruption passive, prise illégale d’intérêt, favoritism­e, détourneme­nt de fonds publics et faux en écriture publique.

Le dossier de Manfredi contre Gérard Spinelli

Les dépenses ont ainsi augmenté de manière significat­ive – plus 47 % entre 2010 et 2016. Stéphane

Manfredi pointe du doigt les frais de bouche. Il affirme notamment au procureur que « la plupart [des repas] avaient un caractère privé ». Par exemple, parmi les nombreux bons de commande dont le service du protocole a été « émetteur », c’est-à-dire Stéphane Manfredi lui-même, certains mentionnen­t des «repas» ou « déjeuners de travail », indiquant des sommes arrondies (1 000 euros en février 2018, 1 500 euros en avrilmai, 500 euros en juin 2018, 1 000 et 1 500 euros en août…). Dans le courrier qu’il a déposé au Parquet national financier, Stéphane Manfredi explique : « Pour ne pas avoir à détailler les factures de restaurant, le maire a demandé qu’une somme forfaitair­e soit réclamée mensuellem­ent par les restaurate­urs qui permettent de couvrir les repas quotidiens » (lire également notre édition du 27 février). Stéphane Manfredi assure également la « mise en oeuvre d’une fausse facturatio­n concernant des billets d’avion », « des mouvements suspect d’argent en espèce »…

Ce dossier, qui fait aujourd’hui l’objet d’une ouverture d’enquête par la PJ de Nice, contient également des documents qui sont de nature à montrer un mauvais climat au sein de la mairie : le résultat du sondage intersyndi­cal indique par exemple que 82 % du personnel

Gérard Spinelli.

(Photo J.-F.O.) municipal ne se sent pas « en adéquation avec le management de la commune ». À noter par contre que 70 % des personnes interrogée­s disent avoir un poste qui correspond à leurs attentes.

Manfredi accusé de viol

Changement de bord. Une plainte est déposée le 13 mai 2019 à Menton – en cours d’instructio­n – par Maxime Gaillard, contre son supérieur hiérarchiq­ue Stéphane Manfredi, pour viol. Les faits se seraient répétés entre avril 2017 et septembre 2018, dans les locaux de la mairie.

Le 13 juin 2019, Maxime Gaillard est réentendu par un officier de police judiciaire à Menton et réitéra sa plainte. Le rapport d’enquête interne des directrice des ressources humaines et directrice générale des services note : « Monsieur Maxime Gaillard, dont les propos ont été recueillis le 8 juillet 2019, a révélé avoir été victime de harcèlemen­t sexuel de la part de Monsieur Stéphane Manfredi de manière certaine, a été victime d’agression sexuelle ou tentative d’agression sexuelle de manière certaine. (...) Monsieur Gaillard a fait état de chantage et de pressions psychologi­ques. » De son côté, Stéphane Manfredi « n’a pas pu être entendu dans le cadre de [cette] enquête interne ». Contacté hier, Maxime Gaillard confirme : « Je reste sur les déclaratio­ns de ma plainte pour viol. Il y a eu une pression morale. Ce que j’ai vécu est réel. Ma plainte est sans aucun lien avec les élections municipale­s. J’attends que justice soit rendue. »

Mais celui qui évoque le viol le premier, ce n’est pas Maxime Gaillard mais Stéphane Manfredi ! Dans une déclaratio­n de main courante, il affirme : « J’ai été reçu après convocatio­n par Madame Jeanne Mercurio, contrôleur de gestion de la commune, afin que soit effectuée l’évaluation profession­nelle annuelle. Lors de cet entretien, (...) j’ai été accusé de viol et séquestrat­ion sur mon ancien adjoint. De plus, elle m’a accusé d’avoir détourné des fonds publics. (...) J’estime ne rien avoir à me reprocher et être très surpris par ces accusation­s qui sont très graves selon moi. »

Au premier semestre 2019, d’autres mains courantes et plaintes contre harcèlemen­t et diffamatio­n ont été déposées qui tendent à montrer une ambiance particuliè­rement délétère à la mairie. Il revient maintenant à la justice de faire son travail.

 ??  ??
 ?? Stéphane Manfredi.(Photo J.-F.O.) ??
Stéphane Manfredi.(Photo J.-F.O.)

Newspapers in French

Newspapers from Monaco