Monaco-Matin

Son double sacrifice fait sa gloire

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« J’ai toujours regardé le paysage, ça m’enlevait de la course ».

L’accent provençal de René Vietto, témoin post-mortem de sa propre destinée, à travers des archives rares de l’INA. Dans le film de Julien Camy, c’est d’abord un fantôme. Une icône dont certains fans conservent religieuse­ment la relique : un orteil amputé ! Et puis le récit contant l’histoire de ce petit prodige des années , qui remporte sa première course d’envergure à seulement  ans, les Boucles de Sospel, sous le déluge. Une légende est née. Un grimpeur exceptionn­el s’est affirmé. Ce petit Cannettan devenu cycliste, en réalisant un crochet par Toulon à vélo pour récupérer un régime de bananes à Cannes. La gloire médiatique lui tombe dessus à  ans, lors de son premier Tour de France en . Alors qu’il remporte quatre étapes de montagne, le petit Vietto devient grand grâce à un double sacrifice pour son leader Antonin Magne. Dans les Pyrénées, Magne chute dans une descente. Vietto lui offre sa roue, et lui permet de sauver son maillot jaune. Le lendemain, rebelote. Magne est à l’arrêt à cause d’un bris de chaîne et rayons. Vietto fait alors demi-tour pour lui céder son vélo. Il finira e à Paris. Héros ! Tout le monde pense alors qu’il sera le grand champion de demain, mais la guerre, les blessures et quelques égarements l’empêcheron­t toujours de remporter la Grande Boucle malgré sa bravoure. Et pourtant, « le peuple se souvenait de lui, la France voulait le voir gagner », souligne les témoins du film, ex-coéquipier­s ou journalist­es spécialisé­s. Un cycliste ascétique qui a inspiré l’écrivain niçois Louis Nucéra (Le roi René), mais comme il est dit dans le doc : « René Vietto n’a jamais rejoint le champion qu’il était ».

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René Vietto, brave, mais souvent meurtri...

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