Monaco-Matin

Nice La prudence du professeur Thierry Piche patron des médecins hospitalie­rs

- DENIS CARREAUX dcarreaux@nicematin.fr

Le Pr Thierry Piche est en première ligne dans le dispositif déployé par le CHU de Nice. En prévision d’une évolution inéluctabl­e de la pandémie, l’établissem­ent s’est adapté en un temps record. « L’ensemble du corps hospitalie­r est mobilisé. Les organisati­ons ont été transformé­es en l’espace d’une semaine, les opérations non urgentes déprogramm­ées », explique-t-il.

Depuis quelques jours, constate le Pr Piche, « la montée en charge est nette dans les services de réanimatio­n ». Hier, neuf malades positifs au Covid-19 étaient hospitalis­és en réanimatio­n à L’Archet et trois autres à Pasteur 2.

Dans l’ensemble des services du CHU, les profession­nels de santé sont préparés à cette montée en charge qui se profile et qui inquiète. Dès ce matin, assure le président de la commission médicale d’établissem­ent, « tous les soignants et l’ensemble du personnel seront équipés de masques chirurgica­ux. La fourniture de masques FFP2 pour les personnels qui en ont besoin a également été organisée. Nous serons aussi extrêmemen­t rigoureux pour éviter le vol de masques. En tout état de cause, nous ne sommes pas en situation de pénurie. Des commandes approuvées par l’Agence régionale de santé sont en cours », assure Thierry Piche.

« Pas de résultats avant au moins deux mois »

Concernant la chloroquin­e, qui fait partie des quatre traitement­s expériment­aux contre le Covid-19 qui seront testés dès cette semaine par plusieurs établissem­ents français, dont le CHU de Nice, le Pr Piche appelle à la prudence, évacuant l’idée selon laquelle ce traitement, considéré un peu trop vite par certains comme un remède miracle, pourrait être généralisé rapidement : « Nous avons besoin de preuves scientifiq­ues solides. » « Cette expériment­ation sera réservée aux malades sévères admis en réanimatio­n. Il n’est pas question de traiter à la chloroquin­e des personnes positives au Covid-19 qui ne présentera­ient pas de symptômes ou des symptômes légers. L’intérêt de cette étude européenne, c’est de pouvoir inclure un nombre important de patients en un temps réduit, de l’ordre de 15 à 20 jours. Quand suffisamme­nt de malades auront bénéficié de l’administra­tion de ce traitement, on pourra espérer évaluer les effets sur la mortalité et la diminution de la charge virale. On ne peut pas imaginer obtenir de résultat avant deux mois au moins. » Le Pr Piche prévient : le traitement à base d’hydroxychl­oroquine n’est pas sans danger. « Nous savons qu’il existe des effets secondaire­s, notamment au niveau cardiaque, nécessitan­t une surveillan­ce des patients traités. » Aux yeux du patron des médecins hospitalie­rs du CHU de Nice, il apparaît d’ailleurs clairement « prématuré » de tirer la moindre conclusion des travaux du Pr Didier Raoult. « Il a proposé une étude pilote conduite sur 24 patients à Marseille. La méthode de cette étude ne permet pas de conclure à des résultats probants. L’expériment­ation qui va être menée dans plusieurs établissem­ents, dont Nice, permettra, elle, de voir si elle fait apparaître un bénéfice clinique sur des sujets sélectionn­és. » Quoi qu’il en soit, le traitement à la chloroquin­e pour tous n’est pas pour demain.

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Le Pr Thierry Piche préside la commission médicale d’établissem­ent du CHU de Nice. (DR)

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