Monaco-Matin

La journée d’un médecin de campagne

Installé depuis cinquante ans à Peymeinade, le docteur Gérard Page fait face à « l’angoisse des patients », au quotidien dans ses tournées dans les communes du pays grassois

- CORINNE JULIEN BOTTONI

En ville, nombre de personnes ont pris l’habitude d’applaudir de leur balcon le personnel soignant qui se bat contre la pandémie de Covid-19. Mais quelle est la réalité de leur travail sur le terrain, notamment au coeur de nos villages ?

Nous avons demandé l’avis et le ressenti d’un généralist­e que l’on peut qualifier avant tout de « médecin de campagne. »

Une organisati­on sans faille

À 79 ans, le docteur Gérard Page est aujourd’hui plus que jamais au service de ses patients, dont la plupart s’avèrent très inquiets et avides de renseignem­ents et de conseils. Muni de son énorme mallette et protégé par le masque FFP2 qui est distribué avec parcimonie, le praticien démarre sa tournée sans attendre :

« Mes visites débutent à 7 heures chaque matin. Je commence par Saint-Cézaire-sur-Siagne, le village où je demeure. Je poursuis par Spéracèdes, avant de rejoindre Peymeinade, via le Tignet », détaille le praticien qui, dès que son téléphone sonne, décroche aussitôt.

À dix heures, il est au cabinet pour recevoir un patient chaque demi-heure afin de respecter les mesures de distance et d’espace.

Et le docteur de préciser qu’il est toujours joignable pour sa patientèle qui, bien que raisonnabl­e, n’hésite pas à l’appeler pour une informatio­n ou une demande de rendez-vous. Il faut dire que toutes ces années d’exercice ont tissé des liens confiance et d’amitié indéfectib­les. Cinq heures et une dizaine de consultati­ons plus tard, Gérard Page retourne sur le terrain pour visiter les personnes fiévreuses ou atteintes de maladies à traiter en urgence.

Demeurer à l’écoute des patients

Médecin légiste, le docteur doit souvent gérer les levers de corps, les gardes à vue sur un vaste secteur qui s’étend de Séranon à Mandelieu-La Napoule. Il visite aussi les EHPAD, quand il n’existe pas de médecin coordinate­ur. À la fin de sa tournée qui s’achève entre 20 et 21 heures, même si aucune hospitalis­ation ne s’est avérée nécessaire, le docteur Page a dû faire beaucoup d’accompagne­ment.

« Il faut gérer l’angoisse des gens et l’inquiétude qui se généralise », explique-t-il.

Sans doute fatigué, même s’il n’en laisse rien paraître, le praticien regagne enfin son domicile où il répondra aux appels de nuit avant un réveil prévu dès six heures, pour se rendre au chevet des patients.

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