Faut-il vraiment javelliser l’espace public
Philippe Renaudi a des idées à soumettre. Le président départemental de l’Union pour l’entreprise (UPE) est, comme chaque Français, tenu au confinement. Il lit et s’informe sur le coronavirus et les moyens de s’en débarrasser. Ces derniers jours, il tente donc de mobiliser sur la nécessité, à ses yeux, de désinfecter nos rues avec une attention particulière portée à nos centresvilles et aux abords des grandes surfaces. « Pour moi, c’est de la logique, le retour d’expérience. C’est ce qu’ont fait les Chinois, les Coréens ou les Milanais. Je n’invente rien, c’est ce que tout le monde a vu à la télé. En France, j’ai toujours l’impression qu’on a un temps de retard. J’ai entendu dire que le virus pouvait vivre entre trois et douze heures sur l’asphalte, le béton, les enrobés. En trois heures, un passant a le temps de marcher sur le crachat ou les postillons d’éternuement d’une personne contaminée. Et il peut les ramener chez lui. C’est pourquoi, il faut aussi sensibiliser le public sur le fait de laisser les chaussures à l’extérieur du domicile. »
Est-ce vraiment efficace ?
Philippe Renaudi a raison sur les désinfections menées en Chine ou en Italie, à l’aide de javel ou de chlore. En revanche, il est délicat de confirmer les chiffres qu’il avance sur la durée de vie du virus sur le bitume. Le Covid-19 reste encore mystérieux par certains aspects et condamne la grande précision. Les premières expertises tablent sur une existence de quelques heures à plusieurs jours selon les surfaces. Tandis que la température et l’humidité de l’air auraient également un impact sur la durée de vie. Des observations qu’il convient d’affiner.
Pour l’instant, le gouvernement a seulement publié un arrêté obligeant la désinfection des transports publics. Un traitement du mobilier urbain a été entrepris dans certaines communes comme à Suresnes (Hauts-de-Seine). Nice va suivre le mouvement et étendre les pulvérisations devant les établissements dits prioritaires et fréquentés (lire ci-dessus). Pour l’heure, la désinfection relève d’initiatives individuelles. Même si des interrogations existent encore sur l’intérêt de cette mesure au regard de son coût. Philippe Renaudi a contacté la préfecture des Alpes-Maritimes
pour la sensibiliser. Il aimerait voir Nice imitée partout en France. Sollicitée, la préfecture dit s’en remettre aux préconisations de l’agence régionale de santé. Laquelle précise qu’elle n’a « pas d’informations à communiquer sur ce type d’actions pour le moment. »
Réunion aujourd’hui
Selon nos informations, une réunion se tiendra, aujourd’hui, en présence du préfet de région Pierre Dartout, de l’UPE et de la Confédération des petites et moyennes entreprises. « Il est probable que le sujet soit évoqué mais il s’agit d’une question qui doit être examinée au niveau départemental », soutenait, hier soir, le cabinet du préfet de région.