Monaco-Matin

Le fond de l’air est de plus en plus pur !

Comme en Chine et dans le nord de l’Italie, les effets des mesures de confinemen­t et de restrictio­ns de circulatio­n se font déjà sentir. On respire mieux !

- JEAN-FRANÇOIS ROUBAUD

La Côte d’Azur respire mieux. Un paradoxe en pleine pandémie du COVID19, ce virus qui attaque les fonctions respiratoi­res de centaines de milliers de personnes. C’est cependant l’une des rares bonnes nouvelles de ces dernières semaines. Oui, on respire mieux ! De Nice à Toulon, et jusqu’à Marseille. AtmoSud, le premier laboratoir­e de surveillan­ce de la qualité de l’air, confirme.

Un exemple : place Arson en plein centre-ville de Nice, le taux d’oxyde d’azote (provenant essentiell­ement de la combustion des combustibl­es fossiles : chauffages, polluants transport et fumées industriel­les) est en chute libre.

Moins  % autour des grands axes routiers

Là, où avant le confinemen­t, le taux d’oxyde d’azote était en moyenne de 60 µg/m3, la concentrat­ion de ce gaz polluant est tombée, depuis lundi dernier, à moins de 20 µg/m3, voire à moins de 15 à certaines heures de la journée d’hier. Depuis Marseille où il est en confinemen­t actif, Dominique Robin, le directeur d’AtmoSud constate que la situation « s’améliore chaque jour. » Proche des grands axes de circulatio­n, par exemple la Promenade des Anglais à Nice ou le boulevard Carnot à Cannes, le taux de pollution et de particules fines a chuté de plus de 60 %.

Pour Dominique Robin, la situation exceptionn­elle actuelle a, du coup, valeur de « laboratoir­e pour l’étude de la qualité de l’air ». « Ces derniers jours, les conditions météorolog­iques n’ont pas été très favorables à la dispersion des polluants : régime anticyclon­ique, peu de vent et régime d’inversion thermique nocturne créant un plafond bas donc avec une faible dispersion verticale. Mais dans le courant de la semaine prochaine, avec des conditions moins stables, la chute des taux de pollution va s’accélérer et plus seulement aux abords des grands réseaux routiers. » Une améliorati­on naturellem­ent induite par les restrictio­ns drastiques de circulatio­n. Mais pas seulement !

Tirer les leçons du confinemen­t

La baisse d’activité économique en Italie a également un impact non négligeabl­e sur l’air que nous respirons sur la Côte d’Azur : « Notre région est ouverte sur deux types de grands flux aériens. Ceux qui proviennen­t du sud, en nous apportant parfois le sirocco. Ceux que l’on appelle communémen­t « vent d’est » et qui charrient des masses d’air de la Ligurie et audelà de la Lombardie. » Relation de cause à effet. A Milan, selon les données présentées par Copernic Sentinel-5P de l’Agence spatiale européenne, les concentrat­ions moyennes de N02 ont chuté d’environ 65 mg/m3 en janvier à moins de 30 mg/m3 ces derniers jours. On est encore loin de l’effet de dépollutio­n massif constaté en Chine, immortalis­é par une saisissant­e photo du satellite TROPOMI de la NASA. Mais on s’en approchera. Dominique Robin en est convaincu :

« La pollution, liée au chauffage au bois et hélas en partie liée aux brûlages (pourtant interdits) dans les zones périurbain­es et rurales, reste significat­ive. Comme dans le secteur de Brignoles. Mais l’arrivée des beaux jours qui sonnent la fin du chauffage individuel ou collectif, va encore participer à l’améliorati­on de la qualité de l’air. » Malgré la crise sanitaire, les agents d’AtmoSud restent d’ailleurs mobilisés afin d’assurer les analyses des données produites par les dizaines de capteurs qui scannent 24 h sur 24 l’atmosphère de nos grandes villes.

« La crise passée, ces éléments devront nous permettre de tirer les leçons de ces jours sombres », espère Pierre-Charles Maria.

Cet ancien prof de chimie et actuel président d’Air Paca se souvient du scepticism­e général, parfois teinté d’ironie, qui, il y a trente ans, avait accueilli la plaidoirie pour la généralisa­tion du télétravai­l du fondateur de la technopole de Sophia-Antipolis : « Le sénateur Laffite était un précurseur en tout. Lorsqu’on aura eu la peau de ce virus, il sera grand temps d’analyser l’impact de nos comporteme­nts, dictés par la pandémie, sur l’environnem­ent. Et d’inventer de nouveaux comporteme­nts sociaux et profession­nels ! »

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La Prom’ vidée des tous ses véhicules a permis de faire chuter le taux de pollution et de particules fines de plus de  %. Dominique Robin, le directeur d’AtmoSud, convaincu que la qualité de l’air va continuer de s’améliorer sur la Côte.
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(Photos F. Bouton et DR)

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