Monaco-Matin

Récit : « la semaine la plus angoissant­e de ma vie »

Stéphane Gauthier est salarié de l’hypermarch­é de La Trinité. Le témoignage poignant sur Twitter de cet habitant de Nice « non confiné » sur sa semaine de travail a fait le buzz

- CÉLIA MALLECK cmalleck@nicematin.fr

Ils font eux aussi partie des invisibles. Les caissiers et autres salariés des grandes surfaces qui, comme Stéphane Gauthier, continuent à travailler pour permettre aux Français de s’approvisio­nner. Vendredi soir, le Niçois a livré un témoignage poignant sur Twitter. Il raconte, jour par jour, sa semaine de travail à l’hypermarch­é de La Trinité. Un « petit thread [série de tweets sur un même sujet] d’un nonconfiné » qui avait recueilli hier plus de 2 200 retweets et près de 5 000 likes. Un succès auquel ce délégué syndical CFDT ne s’attendait pas.

« Je l’ai écrit pour mettre des mots sur mon anxiété qui est celle de beaucoup de collègues », a déclaré avant-hier le Niçois, contacté par téléphone. Et lancer un appel à la raison des consommate­urs en période de crise sanitaire. «Résumé de la semaine la plus angoissant­e de (sa) vie ». « Quand on est arrivés lundi matin, il y avait beaucoup de monde qui attendait pour rentrer, se souvient Stéphane Gauthier. Mon poste est un peu moins exposé que celui de certains collègues mais, très vite, j’ai été appelé en renfort pour remplir les rayons au milieu de 300 à 400 clients. »

« Ambiance fête de fin d’année, avec l’angoisse en plus »

« C’était un peu une atmosphère de fête de fin d’année, avec l’angoisse en plus. Les gens étaient énervés parce qu’il y avait de l’attente ou parce qu’ils ne trouvaient pas leurs marchandis­es. Certains avaient juste peur. (...) Jusqu’à midi, les entrées n’étaient pas filtrées. La direction a ensuite fait sortir les clients et les a fait rentrer par groupes de 20, 30. »

Mardi, la direction s’organise pour protéger un maximum ses équipes. Le mercredi, des plaques en plexiglas sont installées aux caisses. « Les gels hydroalcoo­liques et les gants sont distribués en masse, ajoute le délégué syndical. On n’a pas eu de masques pour l’instant. On en aura peut-être la semaine prochaine. »

Puis, vient vendredi. Dernier jour d’une semaine éprouvante pour les équipes en première ligne : « Les incivilité­s sont en baisse, mais celles qui restent sont quand même choquantes. Il y a des clients qui ne respectent pas un mètre de distance pour venir nous parler, certains sont impatients, d’autres viennent à cinq pour faire leurs courses… »

« On n’a pas envie d’être contaminés »

« On fait partie des personnes qui se sont exposées pour l’intérêt général, mais on n’a pas envie d’être contaminés pour protéger, aussi, nos proches. Donc, s’il y a un message à faire passer c’est de respecter les gestes barrières, les comporteme­nts citoyens. »

Et d’ajouter : «Çanesertàr­ien d’acheter 20 paquets de pâtes. Les entrepôts sont pleins, la logistique fonctionne normalemen­t. On n’aura pas de rupture. Il y aura à manger pour tout le monde, tout le temps. » Aujourd’hui, il reprendra le travail comme la plupart de ses collègues. « On comptera les rangs et on va continuer à mettre en place une solidarité entre collègues pour s’assurer qu’ils tiennent le choc, physiqueme­nt et psychologi­quement, et pour les aider s’ils rencontren­t des difficulté­s familiales. »

 ??  ?? Sur leurs chasubles, les salariés de cette grande surface ont accroché un badge pour rappeler aux clients de garder une distance d’un mètre. (DR)
Sur leurs chasubles, les salariés de cette grande surface ont accroché un badge pour rappeler aux clients de garder une distance d’un mètre. (DR)

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