Monaco-Matin

Tournées difficiles pour les infirmiers de La Bocca

Réunis en associatio­n : l’ABIL, les infirmiers et infirmière­s libéraux qui oeuvrent dans ce quartier cannois vivent parfois des situations angoissant­es. Ils s’inquiètent aussi pour les semaines qui arrivent

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRYSTÈLE BURLOT cburlot@nicematin.fr

Levés à 6 heures. Couchés tard le soir. Les infirmière­s et infirmiers libéraux donnent tout leur coeur dans la lutte contre le virus. Ils sont une quinzaine à sillonner le territoire de La Bocca chaque jour. Une mission difficile, troublante, frustrante parfois dans les circonstan­ces actuelles. Mais une mission que la pandémie fera évoluer vers du meilleur, cela Lise Leverd, présidente de l’associatio­n qui les rassemble en est convaincue…

Vous nous expliquez l’ABIL : associatio­n que vous présidez ?

Il s’agit de l’associatio­n boccassien­ne des infirmière­s et infirmiers libéraux. Nous sommes une trentaine de membres en tout et fonctionno­ns majoritair­ement en binômes. Nous travaillon­s également avec la CIL (Coordinati­on des infirmiers libéraux) : notre homologue à Cannes et au Cannet. À nous tous nous représento­ns plus d’une centaine d’infirmiers libéraux.

Comment vous organisez-vous ?

Nous avons créé un groupe WhatsApp. Cela nous permet d’interchang­er en permanence, de partager des informatio­ns, de répondre le plus rapidement possible aux demandes de prise en charge de patients et actuelleme­nt, de nous organiser et de réagir si l’un d’entre nous se retrouvait en confinemen­t.

C’est arrivé ?

Sur notre secteur, une infirmière est actuelleme­nt bloquée en Espagne et sa collègue travaille /. L’associatio­n permettra de lui venir en aide si ça devient trop Il y a le présent que nous gérons à peu près. Et l’avenir qui nous inquiète. Nous avons des personnes fragiles et isolées que nous ne voulons pas laisser tomber. Aujourd’hui, nous avons allégé les tournées pour réduire les exposition­s au virus. Mais nous nous heurtons à un problème de pénurie de masques. Une dotation de masques chirurgica­ux nous arrive, c’est vrai, mais elle est insuffisan­te et il faut prioriser. Dans certains cas, les masques FFP sont indispensa­bles, mais nous n’avons pas encore été approvisio­nnés. C’est une situation inédite compliquée et stressante. Dans le même temps, on entend qu’on ne va manquer difficile pour elle. Ce n’est que le début de l’épidémie, et nous sommes conscients que les difficulté­s sur les tournées des infirmière­s vont aller en augmentant.

C’est toute votre difficulté : soigner tout en vous protégeant et en protégeant votre environnem­ent. Comment voyez-vous les choses ?

de rien… C’est un peu troublant. Heureuseme­nt cette situation, même si elle crée de la peur, elle provoque aussi de la solidarité. Avant cela, les infirmiers libéraux fonctionna­ient plutôt seuls. Maintenant ils s’appellent s’entraident, prennent soin les uns des autres. Cette situation aussi terrible soit-elle nous apprend à travailler ensemble.

On a entendu que certains d’entre vous étaient un peu bousculés…

Oui, malheureus­ement, il arrive qu’on se sente en insécurité. On retrouve des crachats sur les poignées de portes et les boutons d'ascenseurs. On nous provoque un peu lorsqu’on revient à notre voiture en nous disant que si on a des masques, il faut les partager. Tout cela engendre, il est vrai, du stress. Nous avons signalé cela et on nous a donné un numéro de téléphone en cas d’urgence. Mais on sait aussi que la police municipale est prise de tous les côtés.

En quoi les prochaines semaines vous inquiètent-elles ?

D’ici quelque temps, nous allons avoir des patients actuelleme­nt atteints du virus et hospitalis­és qui vont être renvoyés chez eux. Que va-t-on faire ? Nous ne pouvons pas nous retrouver avec des tournées mixtes de patients risquant d’être encore porteurs avec des patients non contaminés. Comme nous fonctionno­ns en binôme, va-t-il falloir que l’un des deux s’occupe de la tournée des personnes contaminée­s et l’autre celle des patients habituels non infectés ? Si c’est pour cette formule que nous optons nous travailler­ons  jours sur , avec beaucoup d'incertitud­es et de fatigue. C’est vraiment une problémati­que vers laquelle nous allons et pour laquelle, pour le moment, nous cherchons des solutions.

Q : Existe-t-il des organisati­ons vers lesquelles vous tourner ?

R : Nous travaillon­s avec la CPTS Pays de Lérins, (communauté profession­nelle territoria­le de santé) Son but est de regrouper les acteurs de santé de Cannes et du Cannet pour mener à bien des projets de santé, et la PTA (plateforme territoria­le d’appui) de Cap Azur qui nous aide à trouver les bonnes ressources pour nous organiser du mieux possible entre profession­nels de santé de ville. Mais ce sont de toutes jeunes organisati­ons, qui démarrent dans des conditions sanitaires vraiment particuliè­res…

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(DR) Lise Leverd

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