Monaco-Matin

Union nationale de façade ?

- L’ÉDITO de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Union nationale ? Union sacrée dans cette période unique, inédite de la vie politique française ? C’est vite dit. Certes, dans un consenteme­nt général, Edouard Philippe a fait adopter, hier, par les élus le projet de loi instaurant l’urgence sanitaire en France. Droite et gauche, réunis en formation réduite comme l’impose la distanciat­ion sociale de sécurité face au coronaviru­s, au Sénat et à l’Assemblée nationale, n’ont pas voulu, ne veulent pas – et c’est à leur honneur –, se déchirer au moment où les Français sont atteints, souffrent ou ont peur, c’est-à-dire à un moment où ils ont plus que jamais besoin d’être rassurés. Position appuyée en dehors des hémicycles, hier soir, par deux personnali­tés aussi différente­s que Nicolas Hulot et Xavier Bertrand. « Tout est encore possible, mais dans la solidarité », a dit le premier.

« Zéro polémique », a affirmé avec force le second. Jean-Luc Mélenchon, luimême, a eu d’emblée cette phrase fin février, lorsque les groupes parlementa­ires ont été consultés par le gouverneme­nt : « On ne manquera pas de la solidarité qui s’impose. » Mais en réalité, La France insoumise, même avec les premières précaution­s de son chef, et le Rassemblem­ent national de Marine Le Pen continuent de s’inscrire en dehors de l’union sacrée qui prévaut entre les partis de gouverneme­nt. Autant Edouard Philippe trouve sans difficulté les mots pour dialoguer avec Bruno Retailleau, président du groupe parlementa­ire LR au Sénat, autant Jean-Luc Mélenchon, hier, en mettant l’accent sur France-Info, sur la nécessité d’en « finir avec l’égoïsme social » en a profité pour défendre ses thèses habituelle­s : priorité au service public, refus du marché-roi, relocalisa­tion. Qui mènerait cette politique, lui a-t-on demandé ? Cri du coeur de Mélenchon : en tout cas, pas Emmanuel Macron. Quant à Marine Le Pen, son attitude est encore plus éloignée de l’union nationale : elle n’a même pas fait semblant de jouer le jeu du Parlement, où elle n’a guère été présente, au contraire de Mélenchon. Elle ne cesse d’ironiser sur « l’amateurism­e » du président de la République, elle prétend avoir vu venir, dès le mois de janvier, une pandémie majeure. Bref, elle le sait, les différents sondages la créditent, aujourd’hui, d’un score analogue à celui d’Emmanuel Macron à un éventuel premier tour de l’élection présidenti­elle. Elle n’attendra pas  pour jouer son rôle de premier adversaire du président de la République, crise sanitaire ou pas.

« [Marine Le Pen] n’attendra pas 2022 pour jouer son rôle de premier adversaire du président de la République, crise sanitaire ou pas. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco