L’« ordonnance Raoult » :
On parle beaucoup de l’homme. Du scientifique aussi admiré que critiqué. Mais aujourd’hui, la vraie urgence, c’est de savoir si « son traitement » peut limiter le fléau du coronavirus
Jeunes, vieux, « masqués » pour la plupart et se tenant prudemment à un mètre de distance les uns des autres... Ils étaient des centaines de Marseillais à faire hier la queue pendant des heures devant l’IHU, l’institut marseillais où travaille un médecin dont le nom est depuis plusieurs semaines sur toutes les lèvres dans le milieu de la santé et désormais dans les médias : le professeur Didier Raoult. À l’origine de ce mouvement de foule, l’annonce, dimanche dernier, en fin d’après-midi, par l’infectiologue de renom, du lancement d’un dépistage à grande échelle du coronavirus, sans attendre la conclusion des études thérapeutiques. Avec cinq autres médecins de l’IHU, les Professeurs Philippe Brouqui, JeanChristophe Lagier, Matthieu Million, Philippe Parola, et le Dr Marie Hocquart, il a décidé d’utiliser le fameux traitement à la chloroquine pour tous les patients infectés.
Ils n’attendront pas
Affirmant obéir à leur « devoir de médecin », le collectif propose donc désormais «depratiquer les tests pour le diagnostic d’infection à Covid-19 chez tous les malades fébriles qui viennent consulter. »
Concernant les patients infectés, « dont un grand nombre peu symptomatiques ont des lésions pulmonaires au scanner » , ils préconiseront au plus tôt de la maladie, dès le diagnostic, un traitement par l’association d’hydroxychloroquine, un vieux médicament utilisé pour traiter certaines maladies autoimmunes et d’Azithromycine, un antibiotique connu sous le nom de Zythromax® et largement utilisé. « Nous prescrirons dans le cadre des précautions d’usage de cette association. Dans les cas de pneumonie sévère, un antibiotique à large spectre sera également associé », précisent ces spécialistes marseillais.
Il n’en demeure pas moins qu’ils mènent là un véritable putsch, expliquant « qu’il n’est pas moral que cette association [de médicaments] ne soit pas incluse systématiquement dans les essais thérapeutiques concernant le traitement de l’infection à Covid-19 en France » .Des spécialistes s’inquiètent de cette précipitation, en pointant notamment le risque d’effets indésirables d’un traitement distribué larga manu. L’avenir nous dira qui avait raison. de