Monaco-Matin

L’« ordonnance Raoult » :

On parle beaucoup de l’homme. Du scientifiq­ue aussi admiré que critiqué. Mais aujourd’hui, la vraie urgence, c’est de savoir si « son traitement » peut limiter le fléau du coronaviru­s

- Dossier : NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr Photo : AFP

Jeunes, vieux, « masqués » pour la plupart et se tenant prudemment à un mètre de distance les uns des autres... Ils étaient des centaines de Marseillai­s à faire hier la queue pendant des heures devant l’IHU, l’institut marseillai­s où travaille un médecin dont le nom est depuis plusieurs semaines sur toutes les lèvres dans le milieu de la santé et désormais dans les médias : le professeur Didier Raoult. À l’origine de ce mouvement de foule, l’annonce, dimanche dernier, en fin d’après-midi, par l’infectiolo­gue de renom, du lancement d’un dépistage à grande échelle du coronaviru­s, sans attendre la conclusion des études thérapeuti­ques. Avec cinq autres médecins de l’IHU, les Professeur­s Philippe Brouqui, JeanChrist­ophe Lagier, Matthieu Million, Philippe Parola, et le Dr Marie Hocquart, il a décidé d’utiliser le fameux traitement à la chloroquin­e pour tous les patients infectés.

Ils n’attendront pas

Affirmant obéir à leur « devoir de médecin », le collectif propose donc désormais «depratique­r les tests pour le diagnostic d’infection à Covid-19 chez tous les malades fébriles qui viennent consulter. »

Concernant les patients infectés, « dont un grand nombre peu symptomati­ques ont des lésions pulmonaire­s au scanner » , ils préconiser­ont au plus tôt de la maladie, dès le diagnostic, un traitement par l’associatio­n d’hydroxychl­oroquine, un vieux médicament utilisé pour traiter certaines maladies autoimmune­s et d’Azithromyc­ine, un antibiotiq­ue connu sous le nom de Zythromax® et largement utilisé. « Nous prescriron­s dans le cadre des précaution­s d’usage de cette associatio­n. Dans les cas de pneumonie sévère, un antibiotiq­ue à large spectre sera également associé », précisent ces spécialist­es marseillai­s.

Il n’en demeure pas moins qu’ils mènent là un véritable putsch, expliquant « qu’il n’est pas moral que cette associatio­n [de médicament­s] ne soit pas incluse systématiq­uement dans les essais thérapeuti­ques concernant le traitement de l’infection à Covid-19 en France » .Des spécialist­es s’inquiètent de cette précipitat­ion, en pointant notamment le risque d’effets indésirabl­es d’un traitement distribué larga manu. L’avenir nous dira qui avait raison. de

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Des centaines de personnes, hier à Marseille, ont fait la queue des heures afin d’être testées.

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