Les mandarins et le chercheur
Tout le monde connaît cette expression datant du XVIIe siècle, issue des évangiles : « Nul n’est prophète en son pays ». Elle résume bien le sort réservé au professeur de microbiologie, Didier Raoult, ans, directeur du ‘’MI’’, l’Institut Hospitalier Universitaire Méditerranée Infection, une fondation forte de soignants et enseignants-chercheurs dont la production scientifique est l’une des plus importantes en Europe. Le professeur Raoult, personnage certes très singulier au parcours atypique, est, luimême, considéré hors de nos frontières comme l’un des scientifiques qui influencent le plus la recherche dans son domaine. Ajoutons qu’en lui fut attribué le Grand prix de l’Inserm, preuve que son pays ne l’a pas toujours snobé. Il a d’ailleurs reçu pour créer le nouveau bâtiment du ‘’MI’’ en l’une des subventions les plus élevées jamais versées en France par l’Agence Nationale pour la Recherche. Alors pourquoi ce tollé bien-pensant lorsque, le février dernier, Didier Raoult annonce que la chloroquine, un antipaludique bien connu, est une réponse à l’épidémie de Covid- ? « Avec mg de chloroquine par jour pendant s’il s’agissait d’un farfelu ignorant ! Personne alors ne se demande sérieusement pourquoi il défend et expérimente ce traitement. Il s’appuie en fait sur plusieurs études menées dans une dizaine d’hôpitaux depuis le début de l’épidémie de Covid- par des scientifiques chinois que Raoult considère « comme les meilleures équipes de virologie au monde » .Publiés dans la revue BioScience Trends, ‘’les résultats obtenus sur une centaine de patients montrent que le phosphate de chloroquine est plus efficace que les autres traitements.’’ Outre-Atlantique, le célèbre professeur Anthony Fauci, ans, qui préside l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses, l’une des voix scientifiques les plus écoutées aux Etats-Unis, connaît évidemment les travaux et les écrits de Didier Raoult. S’il rappelle les délais nécessaires pour démontrer l’efficacité d’un traitement et tempère les foucades de Donald Trump sur le sujet, il pousse les études sur la chloroquine que prescrivent déjà bon nombre de médecins américains. En France, il aura fallu jours pour prendre enfin le professeur Raoult au sérieux, l’intégrer dans le collège de scientifiques