« Des risques peut-être même plus importants les premiers jours... »
Milou-Daniel Drici, pharmacologue
Le Pr Milou-Daniel Drici dirige le centre de pharmaco-vigilance Nice-Alpes-Côte d’Azur,
Qu’est-ce que l’hydroxychloroquine ?
L’hydroxychloroquine (Plaquenil®) est une « cousine » de la chloroquine (Nivaquine®) utilisée dans le paludisme. Elle soigne avec succès depuis des années certaines maladies auto-immunes, comme le lupus.
Quelles sont les contreindications à ce médicament ?
Il y a le risque allergique, comme pour tout médicament.
Il existe aussi une toxicité cardiaque potentielle.
D’où des précautions d’emploi en particulier chez des patients déjà traités par certains antidépresseurs (Séropram® ou génériques, Séroplex® Atarax®) ou pour des nausées par la dompéridone (Motilium® et apparentés), car ces médicaments sont déjà susceptibles de modifier l’électrocardiogramme à la base.
Les autres précautions d’emploi ne concernent qu’une utilisation au long cours de l’hydroxychloroquine, ce qui n’est pas notre problématique actuelle.
Le Pr Raoult a observé sur quelques patients une efficacité supérieure de l’association de l’hydroxychloroquine avec un antibiotique connu, l’azithromycine (Zythromax®), pour la disparition du virus. Estelle sans risque ?
Cette association particulière majore aussi le risque d’arythmies cardiaques. C’est la raison pour laquelle le réseau français de pharmacovigilance préconise une surveillance électrocardiographique (ECG) particulière des patients qui reçoivent l’hydroxychloroquine ou cette association dans le Covid-.
Ces risques existent-ils en cas d’exposition sur des temps courts, comme le propose le Pr Raoult ?
Oui. Ils pourraient même être plus importants dans les premiers jours, surtout si le patient a perdu beaucoup de potassium à cause des diarrhées ou des vomissements. Nous conseillons un ECG h après la première prise de l’hydroxychloroquine ou de l’association hydroxychloroquineazithromycine, puis deux fois par semaine jusqu’à la fin du traitement.
Quid des femmes enceintes ?
Les données actuellement disponibles chez la femme n’ont pas mis en évidence d’effets tératogènes de l’hydroxychloroquine. Cependant, un risque génotoxique potentiel ne doit justifier l’utilisation de ce médicament qu’au bénéfice avéré de ce médicament pour la mère et le foetus. Concernant l’azithromycine il n’y a pas de risque identifié pour l’instant avec, mais les données sont limitées. Il faut éviter sa prescription au cours du premier trimestre de grossesse, sauf si les bénéfices attendus sont réels.