Le neuf dans l’incertitude
Après une année 2019 difficile, les promoteurs voient leur activité minée par la crise sanitaire. Sur la Côte d’Azur, les chantiers tournent au ralenti mais le marché pourrait vite rebondir
Redoutés par les promoteurs immobiliers, les mois précédant les élections municipales marquent systématiquement le ralentissement de l’activité. Ce nouveau cycle électoral n’a pas dérogé à la règle : après une année 2018 exceptionnelle, le marché du neuf s’est recroquevillé en 2019, avec une baisse de 30 % des mises en vente sur la Côte d’Azur, retrouvant un niveau similaire à la moyenne observée ces dix dernières années. Dans le même temps, le volume des ventes, qui avait atteint un niveau record en 2018 avec 4 882 transactions, s’est stabilisé en 2019 à un niveau élevé, avec 4 886 ventes enregistrées au cours de l’exercice. Cette tendance à la baisse a eu pour conséquence une légère augmentation des prix : le mètre carré (hors parking) culmine ainsi à 5 850 euros en moyenne. Soit une hausse de 2 % par rapport aux prix observés en 2018.
Coronavirus : quels impacts sur les marchés immobiliers ?
Sans surprise, le risque sanitaire et le climat anxiogène liés à la pandémie de Coronavirus Covid-19 semblent peser lourdement sur le marché du neuf en ce début d’année. Et plus largement, sur l’ensemble de la chaîne du logement alors que la France entame sa deuxième semaine de confinement : ralentissement de la construction, reports de projets de transactions, déménagements décalés, baisse des prix dans l’ancien sont observés sur tout le territoire… Sans compter le report du second tour des élections municipales (et par extension le report des dépôts de dossiers d’autorisation en mairie) à une date encore inconnue, qui plonge d’autant plus les promoteurs dans la tourmente. Malgré la pandémie, les chantiers continuent. Gouvernement et professionnels du bâtiment et travaux publics ont annoncé samedi avoir trouvé un terrain d’entente afin de maintenir l’activité de la plupart des chantiers, en dépit du confinement. « Dans de nombreux cas, des réorganisations ou des ajustements des pratiques pourraient permettre la poursuite de l’activité », écrivent plusieurs ministères dans un communiqué commun. Cela nécessite des « procédures adaptées » de respect des gestes barrière et de distance entre les salariés. Un « guide de bonnes pratiques » validé par le gouvernement sera diffusé par les professionnels afin de préciser les recommandations. Malgré tout, l’activité tourne au ralenti pour le secteur de la construction. Ainsi, dans les Alpes-Maritimes, seuls deux chantiers publics sont encore maintenus à ce jour : celui de la RD 22 de Sainte-Agnès, et celui de la RD 6004 de Valbonne. Ils pourraient néanmoins être rapidement mis entre parenthèses, « sur décision des entreprises », précise la préfecture. Dans le Var, aucun chantier public n’est en cours actuellement. Et en Principauté, le gouvernement a décidé de suspendre la douzaine de chantiers publics en cours, ainsi que les travaux de voirie et d’espace public. Seuls subsistent quelques chantiers privés, dont l’activité devrait drastiquement ralentir dans les prochains jours.
Une reprise rapide dès la fin de la crise ?
Malgré ce contexte pesant, les promoteurs restent enthousiastes quant à un retour à la normale de l’activité dès la fin de la pandémie. Ils s’appuient sur un ensemble de facteurs enthousiasmants pour les mois à venir. La demande devrait redevenir massive, soutenue par des conditions d’emprunt favorables et des taux d’intérêt toujours bas. Autre atout de poids pour dynamiser leur offre, les promoteurs peuvent compter sur la prolongation des dispositifs Pinel et Prêt à Taux Zéro jusqu’en 2021.
De même, d’autres paramètres devraient jouer positivement en faveur d’une reprise rapide de l’activité : la hausse de 2 % du pouvoir d’achat des ménages en 2019 ainsi que la baisse progressive du taux de chômage devraient permettre aux Français de se projeter de nouveau avec sérénité.