Onnis, l’homme qui a marqué le foot français
L’attaquant de légende de l’ASM a 72 ans aujourd’hui. L’occasion de revenir sur ses années monégasques et sur une carrière riche en buts et en émotions
Delio Onnis va fêter, aujourd’hui, ses 72 ans, seul dans sa maison de Moreno, une ville voisine de Buenos Aires. Comme tous les Argentins, il est confiné depuis vendredi à cause de ce maudit coronavirus. «Ilyadesgens plus à plaindre que moi. C’est la vie. Je me tiens informé de ce qui se passe en France et en Italie. Mes trois fils vivent à Monaco. J’ai d’ailleurs une pensée pour le Prince Albert. Et j’ai hâte de rentrer en Principauté où je vis une grande partie de l’année. »
Monaco dans la peau
Delio Onnis est monégasque avant d’être italien, argentin ou footballeur. Il a Monaco dans la peau depuis toujours. Avant même de signer à l’ASM, en 1973, il rêvait du Rocher, du Palais, du vieux Louis-II, de ce décor de carte postale. Onnis a 72 ans. Il est étrange d’écrire cette phrase quand on a vu jouer cet attaquant aux cheveux noirs impitoyable face aux défenseurs et cruel avec les gardiens.
« Moi aussi ça me fait bizarre d’avoir cet âge-là. Pour parler franchement, ça me fait même un peu chier. Ça passe si vite. J’ai fait un infarctus, il y a quatre ans. Aujourd’hui, je vais bien même si j’ai beaucoup grossi. Je dois peser 100 kilos, alors que mon poids de forme était de 76 kg quand j’étais joueur. » Joueur, il le sera jusqu’à son dernier souffle. Buteur né, il était l’incarnation du renard des surfaces. Un animal à sang froid. Contrairement à pas mal d’attaquants, dont on fait des tartines, il ne lui fallait pas 40 occasions pour claquer un but. Avec lui, les filets étaient à la fête. Secoués de partout. Certes, Onnis n’était pas spectaculaire. Les volées, les retournés, les ciseaux : ce n’était pas son truc. Non, son truc à lui, c’était le flair.
Onnis mettait souvent les défenseurs sur le ‘’cul’’... (Ici en finale de la Coupe de France face à Orléans)
Dans le livre des records
Onnis, la malice. Onnis, l’opportuniste. Avec ses pieds à 10h10, il n’était jamais en retard pour mettre un pointu ou un plat du pied, remettant ainsi à l’heure les libéros et les garçons bouchers. Partout où il est passé, il a marqué. Que son équipe joue le titre, la montée ou la descente, il a planté. En Argentine, à Reims, à Monaco, à Tours, à Toulon, il a semé des buts qui fleurissent son jardin secret. Regardez ses chiffres, ils donnent le vertige. Aujourd’hui encore, il est l’homme des records.
« Un jour, à Nice, je frappe un coup franc. Roger Jouve s’apprête à dégager le ballon de la tête, mais Delio lui dit ‘‘Laisse !’’ Il laisse. Derrière, ça fait but...», raconte Christian Dalger, longtemps bienfaiteur du buteur en série. Défenseur charismatique du grand Saint-Etienne, Christian Lopez a le souvenir précis : « Onnis, c’était l’ennemi public numéro 1. Un danger. C’était Oswaldo (Piazza) qui le prenait au marquage lorsque nous affrontions Monaco. Mais je l’avais à l’oeil. Adroit, intelligent, costaud, il savait protéger son ballon et nous faire mal. Delio, c’était Gerd Muller. Plus qu’un buteur, un tueur. »
‘‘Tano’’, comme l’appelaient ses compagnons de l’ASM, attend un signe de son club
de coeur pour ouvrir ses bras et offrir son savoir. En attendant, celui qui a marqué Monaco, à tout jamais, continue de sentir le foot avec gourmandise.