Rivère : la proposition choc
Le président de l’OGC Nice suggère un chamboulement des calendriers pour contrer la crise. Pour Nice-Matin, il dévoile le plan qu’il va proposer à ses homologues de Ligue 1
En préambule de notre entretien sur la situation économique complexe dans laquelle s’enfonce la Ligue 1, Jean-Pierre Rivère a tenu à évoquer l’essentiel. « L’espoir est que le coronavirus fasse le moins de victimes possibles dans le monde » clame le président niçois. Confiné chez lui, en compagnie de son épouse et ses enfants, “JPR” ne chôme pas. Pour Nice-Matin, il a accepté de dévoiler quelques pistes de réflexion. L’une d’elles, qu’il souhaite proposer, serait de procéder à un véritable bouleversement des calendriers. Pour plus de matchs en été, plus de monde dans les stades et plus d’attractivité pour la Ligue 1.
Pour le président du Gym, l’une des solutions à ne pas négliger serait de terminer la saison en cours, entre le mois d’août et le mois de novembre.
La crise du Coronavirus
« Par les temps qui courent, parler de football n’est pas évident, voire presque indécent. L’essentiel est ailleurs. La priorité est la santé de tous. Tout le monde espère que nous gagnerons ce combat le plus tôt possible face à ce virus redoutable. Hélas, personne ne sait quand la vie reprendra son cours normal. »
Le football dans la tempête
« Comme beaucoup de dirigeants responsables, nous devons faire face à ces circonstances exceptionnelles qui bouleversent l’équilibre du monde, sans occulter l’essentiel : la vie des uns et des autres. Mais nous devons également réfléchir à l’après, ensemble, de manière unie. Nous ne sommes pas le centre du monde. Toute l’activité économique est impactée. Des millions de salariés le sont également, et au-delà des drames sanitaires, il y aura des difficultés pour beaucoup d’entre nous. »
Reprendre mais quand ?
« Le compte à rebours a commencé. Le football est en grand danger. Nous espérons tous reprendre le plus tôt possible, mais est-ce bien raisonnable ? L’impératif est certes de finir notre championnat mais, en occultant l’aspect financier, nous devons essayer de réfléchir posément à la question du calendrier, le grand sujet du moment. »
Une refonte des calendriers
« Réfléchissons au-delà de l’année en cours et essayons de donner une cohérence aux trois années à venir. En , la Coupe du monde se déroulera au Qatar, du novembre au décembre. Pourquoi ne pas s’adapter à cette compétition dès aujourd’hui ?
C’est peut-être le moment d’entreprendre un grand changement. En , il serait envisageable de débuter notre championnat en février et de fixer la trêve (de Noël) entre le er et le août. En , nous pouvons envisager la même chose. Pour , l’idée est de reprendre le championnat en cours fin août et le terminer fin octobre ou en novembre.
Les dates indiquées seraient à peaufiner par des personnes bien plus qualifiées. »
Quels avantages ?
« L’intérêt est multiple. Tout d’abord, et c’est le plus important, cela nous donne le temps de régler l’aspect sanitaire et préserver la santé de tous. Notre sport pourrait alors reprendre dans des conditions normales et éviter des matchs à huis clos répétés et très ennuyeux. Ensuite, l’économie commencera à se reconstruire. Pensons à nos supporters à nos partenaires. En proposant les abonnements de la saison prochaine en janvier , un plus grand nombre de personnes auront eu le temps de se reconstruire et assainir leur situation financière. Ce calendrier inversé aurait également pour effet de réduire considérablement les matchs en hiver, sur des pelouses dégradées, des conditions climatiques difficiles et guère propices à l’expérience des stades. Se rendre à un match de football en mai, juin et juillet me semble beaucoup plus agréable et festif. Cela pourrait inciter davantage les familles à se rendre au stade. »
Les joueurs en fin de contrat au juin
« Il faudra se poser avec tous les acteurs. C’est un sujet d’actualité, sur lequel on réfléchit afin de trouver les meilleurs solutions. »
Quid du prochain mercato et de l’Euro ?
« Le mercato se déroulerait lors de la trêve hivernale.
Quant à l’Euro , il pourrait être aligné sur les mêmes dates que la coupe du monde ou en été, avec une trêve des championnats. Ces options ne sont pas faciles à mettre en oeuvre. Elles doivent être européennes, voire mondiales en concertation avec l’UEFA et la FIFA. Les instances du football doivent se poser les bonnes questions pour la pérennité de notre sport. Cela nécessite une réflexion globale. Cette pandémie terrible est peut-être l’occasion de repenser nos calendriers. La tâche est immense mais la volonté et l’intelligence collective doivent nous permettre de gagner ce match. »
L’économie actuelle du football
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La priorité, c’est la santé de tous ”
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Le compte à rebours a commencé, le football est en grand danger ”
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En , avec le Mondial au Qatar, il serait envisageable de débuter la L en février ”
« Le constat est inéluctable et d’urgence : sans recette et avec un chômage partiel plafonné à ou fois le SMIC, il ne nous sera pas possible d’absorber des salaires bien au-delà de ce seuil. Notre priorité est de trouver avec tous les acteurs de notre filière, le moyen de tenir en trésorerie durant ces quelques mois pour continuer d’exister. Il faut être prêt à faire des efforts très importants pendant un certain temps et réfléchir aux évolutions pour consolider notre activité dans le futur. Mais cette situation doit impérativement nous amener aussi à une profonde réflexion sur les excès de notre système. C’est un vaste sujet... La tâche est immense mais la volonté et l’intelligence collective doivent nous permettre de gagner ce match. »