Qui est le fervent défenseur de la chloroquine ?
Didier Raoult est né le 13 mars 1952 à Dakar au Sénégal. A 17 ans, mauvais élève, il travaille pendant deux ans sur des bateaux. En 1972, il passe un baccalauréat littéraire en candidat libre puis s’inscrit en faculté de médecine car « c’étaient les seules études que son père acceptait de financer ». Il réussit l’internat et obtient un doctorat.
Ce médecin, professeur au look new-age, est marié est père de deux enfants.
Le Pr Didier Raoult est président de l’université de la Méditerranée - Aix-Marseille II de 1994 à 1999.
Infectiologue et professeur de microbiologie, il est spécialiste des maladies infectieuses tropicales émergentes à la faculté de médecine de l’université d’Aix-Marseille et à l’IHU (Institut hospitalo-universitaire) Méditerranée Infection.
Grand Prix Inserm en 2010 pour l’ensemble de sa carrière, il décrit, avec son équipe marseillaise, des virus complexes. Il est l’un des chercheurs français les plus cités, avec de nombreuses publications scientifiques à son actif.
Après le 11-Septembre 2001 et les attentats à l’anthrax aux Etats-Unis, il rend un rapport sur le risque bioterroriste et sur les maladies infectieuses. Il estime que notre pays est « un des moins bien préparés à un problème d’épidémie massive ».
« Virus chinois : une panique non justifiée » : c’était le titre d’une chronique qu’il signait fin janvier dans Les Echos même s’il prenait soin de préciser : « Il est possible que la crise de nerfs provoquée par le nouveau coronavirus se révèle finalement justifiée. »
L’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, est dirigé par le professeur Didier Raoult à Marseille. L’IHU est un pôle d’expertise sur les maladies infectieuses. Il assure le dépistage de toutes les personnes « fébriles » qui s’y présentent, à rebours des consignes nationales.
« Nous avons décidé pour tous les malades fébriles qui viennent nous consulter, de pratiquer les tests pour le diagnostic d’infection à Covid-19 », précise l’IHU. Le fait qu’il soit possible de se faire tester directement dans cet IHU, alors que les autorités en France ont fait le choix de réserver les tests à certaines populations (fragiles, âgées, femmes enceintes, etc.), a été évoqué sur les réseaux sociaux ces derniers jours dans de nombreux messages, dont certains montraient en outre de longues files d’attente devant le bâtiment.
Dans un communiqué, l’Agence régionale de santé rappelle pourtant qu’« en phase épidémique, le principe est de ne plus tester systématiquement ».
Didier Raoult dirige de 2008 à 2017 l’unité Urmite (Unité de recherche en maladies infectieuses et tropicales émergentes) à Marseille et à Dakar.
Son équipe est à l’origine de la création de quelques startups. Il a d’ailleurs reçu pour créer le nouveau bâtiment du « MI » en 2018 l’une des subventions les plus élevées jamais versées en France par l’Agence nationale pour la recherche.
Grâce à cette subvention de 72,3 millions d’euros, Didier Raoult fait construire un nouveau bâtiment pour accueillir l’IHU Méditerranée Infection (Institut MI), inauguré en 2018.
L’IHU Méditerranée Infection a pour membres fondateurs : l’université d’Aix-Marseille, l’Assistance publique - les Hôpitaux de Marseille, BioMérieux, l’Établissement français du sang, l’Institut de recherche pour le développement (IRD), le Service de santé des armées. Il bénéficie de l’aide de l’Union européenne et du Fonds européen de développement régional ainsi que de nombreux partenariats.
Le professeur Didier Raoult est un fervent promoteur de la chloroquine, il préconise l’utilisation de cet anti-paludique dans le traitement du Covid-19. Il a mené ces premiers essais à Marseille et en a réclamé l’extension, a exprimé l’espoir que ces nouveaux essais « permettront de conforter les résultats intéressants qu’il semble avoir obtenus ».
Dans une vidéo, le directeur de l’IHU de Marseille explique que 24 patients atteints par le coronavirus ont pris du Plaquenil, l’un des noms commerciaux de la chloroquine. Six jours plus tard, selon lui, seulement 25 % sont encore porteurs du virus alors que 90 % de ceux qui n’ont pas reçu ce traitement sont toujours positifs.
Il s’appuie en fait sur plusieurs études menées dans une dizaine d’hôpitaux depuis le début de l’épidémie de Covid-2019 par des scientifiques chinois que Raoult considère « comme les meilleures équipes de virologie au monde ». Publiés dans la revue BioScience Trends, « les résultats obtenus sur une centaine de patients montrent que le phosphate de chloroquine est plus efficace que les autres traitements ».
Mais beaucoup de spécialistes appellent à la prudence, insistant sur les délais nécessaires pour démontrer l’efficacité d’un traitement. Le comité scientifique « exclut toute prescription » pour « des formes non sévères » de la maladie, en l’absence de toute donnée probante. Un arrêté encadrant le recours à ce traitement doit être pris « dans les prochaines heures ».
Valérie Boyer, Bruno Retailleau, Christian Estrosi, Julien Dray... Plusieurs personnalités politiques veulent faire confiance au directeur de l’IHU de Marseille pour soigner le coronavirus. En France, il aura fallu 15 jours pour le prendre au sérieux, l’intégrer dans le collège de scientifiques qui conseillent le chef de l’Etat (avant qu’il ne s’en retire hier) et inclure la chloroquine parmi les quatre traitements qui font l’objet désormais d’un essai clinique européen.
Ses interventions échappent au cadre fixé par l’exécutif. Ses apparitions médiatiques semblent gêner le président de la République, le Premier ministre et le ministre de la Santé. Il fait monter la pression médiatique et plonge l’exécutif dans l’embarras.