Grossesse : le suivi obstétrical toujours assuré
D’après les données dont on dispose, il n’y a pas de surrisque lié au Covid-19 pour les femmes enceintes et leur bébé. Des aménagements sont adoptés, leur sécurité est garantie
Lou, d’habitude peu encline à céder aux rumeurs et psychoses collectives, s’avoue décontenancée. La trentenaire attend son premier enfant. L’épidémie de coronavirus, le confinement… tout cela, elle ne s’y attendait pas. Mais au fil des jours, une certaine forme d’inquiétude l’a gagnée. « J’ai dû arrêter de travailler il y a un mois car un de mes collègues revenait d’une zone alors à risque et présentait des symptômes. Mon médecin n’a pas voulu courir le moindre risque et m’a arrêtée. Sur le coup, je me suis dit que ça me permettrait de préparer l’arrivée du bébé. Mais quand l’annonce du confinement est tombée, ça a été un choc. Je n’imaginais pas passer mon dernier mois de grossesse cloîtrée chez moi. D’autant que beaucoup de rumeurs circulent, ça rend la situation encore plus anxiogène. » Pour faire taire les bruits de couloir et remettre les choses à plat, nous avons contacté le Dr Cynthia Trastour, gynécologue au pôle femme-mère-enfant du CHU de Nice qui dispose d’une maternité de niveau III. Ces informations qu’elle délivre ici sont globalement valables pour les autres maternités du département que nous avons contactées (Grasse, Antibes, Monaco, etc.). Premier message important : « en l’état des connaissances actuelles (basées sur les données de Chine et qui seront réévaluées avec celles d’autres pays touchés par l’épidémie), il n’a pas été démontré un surrisque pour les femmes enceintes et les enfants ».
Le suivi obstétrical des femmes enceintes est-il assuré ?
Oui, il est assuré dans les conditions normales. Nous prenons évidemment toutes les précautions qui l’imposent pour éviter d’éventuelles contaminations. Ce sont les suivis gynécologiques de routine non urgents (comme pour contrôler un frottis par exemple) qui ont été reportés. Le suivi des femmes enceintes doit être assuré.
Ce suivi pourrait-il être en partie effectué en télé-consultation ?
Pour un certain nombre de choses, nous avons besoin de voir les patientes. En revanche, nous avons demandé à mettre en place des télé-consultations, par exemple pour répondre aux questions des patientes ne nécessitant pas d’examen clinique.
Les séances de préparation à l’accouchement sont-elles maintenues ?
Ces séances, prises en charge par l’Assurance-maladie, sont dispensées par les sages-femmes. En principe elles peuvent être maintenues mais cela dépend des cas. En libéral, certaines les ont annulées, d’autres les ont maintenues (là encore, cela implique des aménagements pour éviter les contaminations). Cela s’explique avant tout par le fait que l’on assure en priorité les consultations de suivi et les échographies.
Les papas pourront-ils avoir accès à la salle de naissance ?
Oui, pour l’heure, les conjoints (à condition évidemment qu’ils ne présentent aucun symptôme) ont le droit d’accompagner la patiente en salle de naissance avec des mesures d’hygiène renforcées. En revanche, ils ne peuvent pas les accompagner pour de simples consultations aux urgences. Il y a par ailleurs des restrictions d’horaire en maternité. Ces mesures pourraient être modifiées en fonction de l’évolution de l’épidémie. Enfin, pour respecter les directives de confinement, la famille n’est pas invitée à venir rendre visite à la mère et l’enfant à la maternité.
Y a-t-il un risque de pénurie d’anesthésistes en salle de naissance pour les affecter à d’autres services en tension ?
Non, les anesthésistes de la salle de naissance restent en poste. Il est indispensable qu’ils soient présents en cas d’urgence. Et même pour un accouchement classique, ils pourront poser les péridurales tout à fait normalement.
Le séjour à la maternité est-il raccourci ?
Nous privilégions les sorties précoces dans la mesure du possible. La durée du séjour sera évidemment adaptée à la santé de la mère et de l’enfant.
Comment se déroulera le suivi post-accouchement ?
La visite postnatale, qui a lieu normalement à semaines après l’accouchement, peut être décalée à plus tard mais maintenue si la patiente le juge nécessaire. Nous espérons la mise en place de téléconsultations à cet effet, sinon là encore les sages-femmes en libéral peuvent en principe les recevoir.