Monaco-Matin

Baisse record des délits en ce début de confinemen­t

L’omniprésen­ce des forces de l’ordre conjuguée à la limitation des déplacemen­ts entraîne une chute sans précédent de la délinquanc­e dans les Alpes-Maritimes. Mais la vigilance est de mise

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

En matière de baisse de la délinquanc­e, le mois de mars 2020 risque de faire date dans les annales de la gendarmeri­e et de la police. Hormis les infraction­s liées aux attestatio­ns de déplacemen­t, quelques ivresses sur la voie publique, des tapages nocturnes, des violences intrafamil­iales... la chute du nombre de plaintes est spectacula­ire. De l’ordre de 80 % selon la direction de la sécurité publique des Alpes-Maritimes. Autrement, le commissari­at Foch, à Nice, qui peut enregistre­r une centaine de plaintes par jour, en constate moins de vingt actuelleme­nt. Les forces de l’ordre peuvent donc veiller au respect du confinemen­t sans avoir à courir après les malfaiteur­s. « Il y a cinq à six gardes à vue par jour, contre une vingtaine habituelle­ment », confirme Xavier Bonhomme, le procureur de la République de Nice qui parle de « baisse drastique ».

Le parquet a néanmoins constaté « des faits de violences intrafamil­iales au début de la période de confinemen­t ». Le phénomène semble s’estomper mais chacun redoute une recrudesce­nce au fil des jours.

Jets de pierres, rébellions

Sur le rôle du tribunal correction­nel de Nice ce mercredi figureront deux frères, qui, à Nice-Nord, ont lancé des pierres sur une voiture de police. Ils seront jugés en comparutio­n immédiate mais à huis clos. Les autres prévenus sont essentiell­ement des personnes en détention provisoire qui demandent à être remises en liberté. Avec des fortunes diverses. «Ilnefautpa­s croire que la justice libère à tour de bras », observe Me Verrier, qui pilote le groupe de défense pénale. Pas de pickpocket­s (il y a trop peu de monde dans les transports en commun), ni de cambrioleu­rs, une catégorie de délinquant­s très présente habituelle­ment.

Un détenu qui, avec quelques autres, a refusé de regagner sa cellule dimanche à la prison de Nice, comparaîtr­a, lui pour avoir menacé des surveillan­ts. Il était libérable ce mercredi ! A Grasse, un individu a craché sur un gendarme de Mandelieu en lui disant qu’il avait le coronaviru­s. Il sera lui aussi jugé en comparutio­n immédiate. Quant aux aigrefins qui tentent de profiter de l’épidémie pour monter des escroqueri­es (cagnottes bidon, désinfecti­on d’appartemen­t, vente de formulaire pour les déplacemen­ts dérogatoir­es...), il n’y a pas eu de cas, pour l’instant, à la connaissan­ce de la justice locale.

Le trafic de drogue perturbé

Comme toute activité commercial­e, le trafic de stupéfiant­s est au ralenti. Difficulté d’approvisio­nnement, raréfactio­n des clients. Une incongruit­é pourtant : deux Italiens sont actuelleme­nt en garde à vue pour être entrés en France avec 30 kg d’herbe de cannabis.

Un déploiemen­t tous azimuts

Cent mille gendarmes et policiers sont déployés en France depuis le début du confinemen­t. En gendarmeri­e, les permission­s ont été suspendues. « Les brigades de recherche, qui ont mis entre parenthèse­s leurs enquêtes au long cours, sont également sur le terrain à contrôler les flux », indique le colonel Boualam. Même mobilisati­on chez les policiers qui sont épargnés, pour l’instant, par le coronaviru­s. Pour faire respecter le couvre-feu, des CRS de Grenoble sont actuelleme­nt en renfort dans le quartier des Moulins à Nice. Et des services d’investigat­ion de la sûreté départemen­tale se sont recentrés sur la surveillan­ce de zones sensibles.

Enquêtes au long court très ralenties

« Même si certains de mes enquêteurs poursuiven­t des écoutes téléphoniq­ues depuis leur domicile, nous procéderon­s à des interpella­tions en temps utile. Pour l’instant tout est figé », confie un commissair­e de la PJ. Et inutile de faire du zèle puisque la chaîne pénale est, elle aussi, quasiment à l’arrêt.

« Dans le cadre de la direction de la police judiciaire (...) la priorité sera donnée aux enquêtes de flagrance présentant un fort enjeu en termes d’ordre public », est-il indiqué dans une circulaire rédigée ce week-end par le ministère de la Justice. Le texte souligne qu’il conviendra «de limiter les interpella­tions » aux situations « d’urgence ou de gravité justifiant un traitement diligent. »

Les juges d’instructio­n sont aussi priés « de différer les interpella­tions ne présentant pas de caractère d’urgence ». En revanche, si un crime est commis, la PJ, ou les SR ou les BR de la gendarmeri­e, sont capables H24 de mobiliser des équipes.

Incitation de porter plainte en ligne

Pour limiter les déplacemen­ts et les contacts dans les commissari­ats, les citoyens sont incités à utiliser les téléservic­es du ministère de l’Intérieur. Un dispositif de prise en charge à distance des victimes existe. Bien utile en ces temps de confinemen­t. Exemple : vous souhaitez déposer une préplainte pour une atteinte aux biens : vous devez aller à l’adresse pre-plainte-enligne.gouv.fr Vous souhaitez signaler des violences sexuelles : www service-public.fr/cmi

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Gendarmes et policiers multiplien­t le contrôle des autorisati­ons de déplacemen­t sur tout le départemen­t. Les plaintes ont baissé de  % dans les Alpes-Maritimes. (Photo François Vignola)

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