Monaco-Matin

Fermeture des marchés : « Ce n’est pas Rungis ici »

La mesure divise du côté des villages du pays et des vallées Certains maires ont envoyé une dérogation au préfet, d’autres les avaient déjà interdits la semaine dernière

- ALICE DAVID adavid@nicematin.fr

Chaque jour, le gouverneme­nt durcit le ton. Lundi soir, Edouard Philippe a annoncé de nouvelles mesures pour lutter contre la propagatio­n du coronaviru­s. Parmi elles, la fermeture de tous les marchés, couverts et de plein air. «Il sera permis aux préfets, sur avis des maires, de déroger à ces prescripti­ons. » Une précision qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Puisque sur la journée d’hier, une quinzaine de communes des Alpes-Maritimes ont fait une demande auprès de la préfecture. « Nous trancheron­s une fois que nous aurons eu toutes les demandes [...] Mais il est clair que l’interdicti­on est la règle et non l’exception ».

« C’est un tout petit marché »

À Aspremont, par exemple, on ne voit pas comment faire sans. « Nous avons une seule supérette pour 2 200 habitants », pointe la mairie. Avant d’ajouter : « C’est une nécessité pour nos habitants et puis, on a deux stands. Tout ça sur un emplacemen­t assez grand, c’est tout à fait envisageab­le. » Même son de cloche chez Françis Tujague. Le maire de Contes, l’assure « c’est un tout petit marché. En cette période, il y a deux à cinq producteur­s sur une grande place. » À Beaulieu-sur-Mer ,lemaire Roger Roux, en rajoute. «Ce n’est pas Rungis ici » .Lui aussi a demandé une dérogation, comme son homologue à Èze. Plus à l’est, la commune de Villeneuve­Loubet en a fait une pour le maintien du stand de fromagerie. Dans le village de Levens, c’est l’inverse. L’édile, Antoine Veran, a interdit le marché la semaine dernière. « Ici, nous avons trois commerces qui vendent du frais. Un maraîcher dépose des paniers à la boulangeri­e, les fromages de notre producteur sont en vente dans une supérette et on peut même avoir des oeufs de la ferme. Nous sommes équipés », appuie-t-il. Saint-Jean-Cap-Ferrat, Annot (04), Villefranc­hesur-Mer et Coaraze ont également interdit les marchés. Idem à Cagnes pour le marché couvert.

La solution des paniers à livrer

Pour les maraîchers, l’heure est au plan B. A Tourrettes­sur-Loup, le marché a été supprimé dès l’annonce du confinemen­t. Lydie Monini livre ses produits et vend sur place « aux gens du quartier ». Pour Frédéric Dutto, producteur à Vence , la pilule a du mal à passer. «On est quatre producteur­s sur la place du Grand-Jardin alors qu’il y a des files d’attente dans les supermarch­és. C’est difficile à comprendre. Nos légumes ne sont touchés que par nous. Dans les grandes surfaces, ils sont tripotés par combien de personnes ? », s’agace-t-il. Inquiet de devoir prochainem­ent « jeter une partie de la marchandis­e ». Dans ce contexte inédit, chacun fait au mieux pour sauver sa peau et gagner sa croûte.

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(Photo d’archives DM) Hier, une quinzaine de communes ont déjà fait des demandes de dérogation auprès de la préfecture.

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