A La Turbie : son épouse est coincée au Vietnam et ses enfants à la maison
Il s’est inscrit sur le site Ameli. Mais ne sait strictement rien du sort que lui réservera cette autodéclaration préconisée par les autorités. La situation des indépendants est un caillou dans la chaussure des gouvernants.
L’état des lieux est simple : «Jen’ai aucun revenu. » Christian Drouin, installé sur les hauteurs de La Turbie, importe des poteries pour le jardin. Notamment du Vietnam, d’où est originaire son épouse. D’ailleurs, elle s’y trouve. Et met la dernière main à un plein conteneur de pots qui doit partir incessamment, par bateau.
« Je ne sais pas si le transitaire pourra me faire livrer la marchandise. En attendant, je n’ai aucune rentrée d’argent. Et pour le moment, je sais simplement qu’il est possible de reporter les charges. Ma trésorerie étant ce qu’elle est, j’espère y arriver, mais il ne faudrait pas que le confinement dure trop longtemps. » Grossiste, Christian Drouin ignore s’il peut compter sur quelques règlements alors que ses clients n’ont aucune possibilité d’ouvrir leur magasin. Il y a aussi la difficulté, pour son épouse, de se rapatrier. « Son vol annulé, elle essaie de trouver une solution mais l’ambassade lui demande de voir avec les compagnies. Je ne trouve aucun Paris-Nice. Et je n’ose pas lui dire de rentrer par l’Allemagne, n’étant pas sûr de lui trouver un vol depuis Francfort. »
et ans
Le petit est en primaire et la grande au collège. « Nos enfants ont six et douze ans, et c’est moi qui m’en occupe. J’ai inscrit ma fille sur le Cned pour les cours à distance. Et j’aide mon fils à faire ses devoirs. De toute façon, même si ma femme était là, ce serait le cas.
Elle parle bien le français, mais pas au point de se plonger dans les programmes scolaires. »
Seul, Christian doit aussi gérer la maison. Ménage, repas : « C’est moi, je n’ai pas le choix. » Comme tout gérant non salarié, cet Azuréen se sent un peu livré à luimême et s’inquiète de la façon dont il trouvera des moyens de subsistance pour traverser la crise.
Il s’étonne tout de même de ce que l’un de ses amis ait pu embarquer pour la Thaïlande… le lundi 16 mars dernier. Au Vietnam, l’accès est désormais impossible : « L’épidémie était endiguée lorsqu’un Vietnamien avec passeport anglais l’a ravivée en réintroduisant le virus dans ce pays. Dans le même avion, cinq autres Anglais ont été détectés et confinés… »