Monaco-Matin

Une mère et son fils bloqués au Pérou lancent un SOS

Deux Monégasque­s, bloqués dans un hôtel à 17 h de bus de la capitale Lima, n’ont aucun moyen de rentrer à Monaco. Une situation urgente car Nicole subit un lourd traitement médical

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Sur le papier, le road-trip mèrefils avait de la gueule. Une croisière exceptionn­elle de trois semaines de Lima (Pérou) jusqu’à Buenos Aires (Argentine), en passant par le Cap Horn. Dans la pratique, le Covid-19, virus planétaire, est venu chambouler tous les plans de ces deux Monégasque­s. Le 10 mars quand Nicole et Aristoteli­s Dritsonas, 64 et 28 printemps au compteur, atterrisse­nt sur le sol péruvien, la compagnie n’a pas encore annulé ce périple maritime le long du littoral de l’Amérique latine, censé débuter le 15 mars. Le Pérou ne compte alors qu’une poignée de cas positifs. La mère et son fils ont quelques jours pour barouder, notamment au Machu Picchu, avant de prendre le large. Leur rêve de toujours. Le 14 mars, le couperet tombe. « Ce soir-là, la compagnie annule car elle ne peut pas accoster au port », témoigne Nicole.

« L’armée et la police ne plaisanten­t pas »

Changement radical d’itinéraire. La mère et son fils prennent un bus pour Nazca. En parallèle, la situation se dégrade rapidement et Martín Vizcarra, le président du Pérou, prend des mesures drastiques. « Après 3 h de bus, une nouvelle apparition du président nous oblige à changer notre programme. Tous les aéroports et frontières sont fermés, l’armée se déploie pour calmer les émeutes. Pour éviter de rester à Nazca et se retrouver sans approvisio­nnement, nous changeons de bus pour nous diriger vers le lac Titicaca. Après 17h de route, on est arrêté par l’armée à Arequipa, la deuxième grande ville du Pérou. » Depuis le 17 mars, donc, Nicole et Aristoteli­s sont bloqués dans un hôtel avec leur guide, Ciro, et sa fille. Sans possibilit­é de bouger de l’hôtel au risque de mettre en difficulté les locaux. « L’armée et la police ne plaisanten­t pas. Si on sort, on se fait arrêter sur le champ et on paye. Pour les Péruviens, ça peut être la prison ou le retrait à vie de la licence de taxi. Aucun Péruvien n’a pris le risque de nous prendre », assure Nicole qui, depuis l’hôtel, remue ciel et terre pour s’extirper de ce pétrin. Et pouvoir, a minima, rallier la capitale Lima par avion.

Sans nouvelles de l’ambassade de France au Pérou, la voyageuse est en relation avec le consul honoraire de Monaco au Pérou, Ivan Dibos, et le gouverneme­nt princier. Mais, pour l’heure, la situation n’avance guère. Une situation d’autant plus urgente que la sexagénair­e présente un handicap avec un lourd traitement médicament­eux, ordonnance à l’appui. « Je ne suis pas quelqu’un qui se plaint mais une chose m’inquiète. Je me suis retrouvée tétraplégi­que en 1982. Une infection virale qui s’est logée dans la colonne vertébrale. J’ai des séquelles et je ne marche que grâce aux médicament­s neurologiq­ues. Il ne m’en reste plus que pour 15 jours et ceux-ci enlèvent 80 % des douleurs neurologiq­ues qui sont insupporta­bles. C’est impensable d’en trouver ici ! »

Un sauf-conduit espéré

Contacté, Laurent Stefanini, ambassadeu­r de France à Monaco, justifie la difficulté des rapatrieme­nts. « Les contrainte­s physiques du moment rendent les rapatrieme­nts extrêmemen­t compliqués. Les compagnies aériennes arrêtent leurs vols, l’Europe occidental­e est devenue le foyer de la pandémie. Au regard des convention­s bilatérale­s qui nous lient, on traite les Monégasque­s comme les Français, martèlet-il. On est en lien avec les ambassades du monde entier. On a plus de 130 000 Français bloqués à l’étranger. »

Depuis le début de la crise, le gouverneme­nt princier a pu faciliter le rapatrieme­nt de seize Monégasque­s et résidents. Le 17e étant en cours. « On peut avoir une influence sur la délivrance de papiers ou documents administra­tifs. Mais on peut difficilem­ent forcer une compagnie aérienne à ouvrir une ligne, confiet-on du côté du Départemen­t des relations extérieure­s et de la coopératio­n. Concernant la famille Dritsonas, on a été saisi de leur cas le 19 mars. L’événement qui a joué en leur défaveur, c’est l’interdicti­on de circulatio­n complète sur le territoire, les aéroports fermés, la suppressio­n des trains. On essaye d’obtenir l’obtention d’un sauf-conduit auprès des autorités péruvienne­s, un document qui leur autorisera­it de circuler sur le territoire. On a saisi l’ambassade de France à Monaco, celle du Pérou à Monaco en territoire français. Les autorités consulaire­s sur place sont également au courant. » Reste à savoir quand leur sera délivré le précieux sésame. En attendant, l’espoir pourrait venir de la levée du confinemen­t par le président péruvien, prévu le 30 mars. « Mon fils vient juste de prendre deux billets d’avion pour la capitale, Lima, le 31 mars. Avec une assurance annulation­s car la situation peut encore évoluer », souffle Nicole. Peut-être le bout du tunnel ? En tout cas, en étant à proximité de l’aéroport internatio­nal de Lima, la mère et son fils se rapprocher­aient de leur but, retrouver leur contrée : Monaco.

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Nicole et Aristoteli­s Dritsonas gardent le sourire malgré leur situation complexe. (DR)

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