Les moines de St-Honorat experts en confinement
Nous avons demandé aux moines de la communauté de Lérins comment surmonter l’épreuve du confinement. Habitués a vivre en monastère, les spécialistes prêchent leurs bons conseils
Vivre en petit comité, ils connaissent. Les 20 moines – âgés de 29 à 88 ans – qui composent la communauté du monastère de Saint-Honorat ont depuis dimanche fermé l’accès de cette petite île cannoise de 0,37 km2. Habituellement, retraitants et salariés partagent leur quotidien pour entretenir les lieux et participer aux travaux agricoles.
« Nous ressentons aussi les effets de cette période. Nous ne vivons pas dans un espace restreint, nous n’avons donc pas de sensation de confinement physique... Mais nous avons aussi la sensation que le monde s’arrête ! » commente Vladimir Gaudrat, père abbé du monastère isolé, mais gardant toujours un oeil sur l’extérieur. Le meilleur moyen de gérer les restrictions de déplacement en temps de crise ? Ouvrir et nourrir son esprit. L’expert en spiritualité livre quelques précieux conseils pour prendre de la hauteur durant cette période inédite.
Prendre conscience que c’est important
Donner du sens à une situation difficile « aide à mieux la vivre », rappelle le père Vladimir Gaudrat. « Il faut avoir conscience que c’est important, que le confinement fonctionne et que c’est utile à tous. Rappelez vous aussi que cette période aura une fin ! »
Conserver un rythme de vie
Les membres de la Congrégation Cistercienne de l’Immaculée Conception prient sept fois par jour. Mais pas besoin d’être croyant pour aller de l’avant : il suffit de réorganiser son planning et de mettre en place une nouvelle routine. Évidemment, les activités ne seront pas les mêmes que d’habitude... À vous de faire preuve d’inventivité !
« Créer un nouveau rythme est fondamental. Si on se laisse aller, on donne de l’espace à la peur et aux angoisses en tous genres.
« Nous nous plaignons souvent de ne pas avoir assez de temps pour accomplir différentes tâches, c’est le moment. »
Se déconnecter des infos anxiogènes
L’ampleur de la situation et son caractère inédit poussent forcément à s’informer. Le père Vladimir Gaudrat préconise d’y consacrer un temps bien défini... et là encore, de s’astreindre à une certaine discipline. En clair ? Se déconnecter un maximum de tout ce qui peutêtre anxiogène. Les réseaux sociaux et leurs lots de rumeurs par exemple... «Ilest inévitable d’avoir peur ou d’être inquiet en ce moment. Autant éviter d’en rajouter ! Nous sommes tous angoissés, car nous avons des amis, des familles pour lesquels nous nous inquiétons. C’est un sentiment normal... Qu’il ne faut pas entretenir. »
Renouer des liens et faire la paix
Pour s’occuper l’esprit, les moines pratiquent diverses activités : lecture, méditation et prière.
Cette période de confinement est propice aux discussions et remises en question...« C’est l’occasion de prendre des nouvelles, de renouer des liens avec des personnes que l’on avait perdues de vue. Et pourquoi pas en profiter pour se réconcilier ? Ce n’est pas le moment d’être fâchés. »