Monaco-Matin

Le quotidien chamboulé d’une institutri­ce, à Nice

Si les enfants se retrouvent perturbés par l’école à la maison, ils ne sont pas les seuls. Les enseignant­s du secondaire doivent redoubler d’efforts pour assurer la continuité pédagogiqu­e

- ORNELLA VAN CAEMELBECK­E ovancaemel­becke@nicematin.fr

Assurer la continuité pédagogiqu­e et garder un lien avec les familles ». Ces directives ont été adressées à Laurence Johnson, institutri­ce à l’école SaintPhili­ppe de Nice. Depuis le confinemen­t, les enseignant­s aussi ont dû se familiaris­er et s’adapter à ce système « d’école à la maison pour tous ».

Avec sa classe de CM2 et ses vingt-quatre élèves, « maîtresse Laurence » a la sensation de devoir redoubler d’efforts pour éviter que les enfants ne soient perdus. Rendez-vous dans le quotidien chamboulé d’une institutri­ce.

« J’envoie chaque jour le planning »

« Notre départ de l’école a été précipité, nous n’avons pas vraiment eu le temps de nous préparer. » Lorsqu’elle récupère ses cours lundi dernier,

Laurence Johnson ignore combien de temps le confinemen­t va durer. Sans préparatio­n, elle va devoir improviser. « Nous nous servions déjà de Beneylu School, un Espace Numérique de Travail (ENT). »

Sur cette « classe virtuelle », elle partage les leçons, les devoirs, les correction­s…

« Mais avec l’énorme affluence, la plateforme bug énormément. Je dois donc envoyer en plus, sur l’adresse mail de chaque famille. » Chaque matin, avant d’envoyer le « planning de la journée », elle vérifie ce qu’elle a reçu : « Que ce soit les devoirs renvoyés ou des questions sur quelque chose qu’ils n’auraient pas compris. » La difficulté, c’est de « leur répondre un par un »: «À l’école, je les ai en face de moi, je le constate s’ils sont plusieurs à ne pas saisir et je peux faire une explicatio­n globale. » Mais à distance, elle doit traiter au cas par cas et envoyer des réponses individuel­les, en plus des correction­s. «Ça me prend un temps fou. »

Et avec des parents qui ne sont pas leurs « référents », c’est d’autant plus difficile.

« Leur donner des points de repère »

En plus des cours, Laurence Johnson recherche des vidéos sur Internet pour les aider à « apprendre de façon ludique ».

« J’essaye aussi de leur donner des points de repère dans la journée, pour qu’ils gardent un certain rythme. » Un « r ythme » que justement, certains parents peuvent trouver assez lourd. À cela elle évoque plusieurs raisons : « Le CM2 est censé préparer à l’entrée en sixième, il y a beaucoup de choses à voir… J’essaye de coller à ce qu’on ferait en classe et de ne pas leur envoyer des nouvelles notions compliquée­s. J’ai par exemple dû sauter le chapitre sur les proportion­s car je savais que cela serait trop difficile à distance. » Et d’ajouter : « Puis, c’est délicat pour les parents, ce n’est pas leur métier. »

Pour cette raison d’ailleurs, elle tente d’être deux fois plus vigilante. Les enfants ayant des difficulté­s risquent de décrocher plus facilement. « Hier, j’ai appelé mes élèves un par un pour discuter avec eux. Nous sommes leurs référents, c’est important de conserver un lien. » Ainsi, elle leur apporte conseils, explicatio­ns et encouragem­ents.

Et avec de surcroît les cours qu’elle assure chaque lundi après-midi auprès des enfants de soignants, Laurence Johnson le concède : « C’est beaucoup plus fatigant, on essaye vraiment de faire du mieux qu’on peut. »

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« C’est beaucoup plus fatigant, on essaye vraiment de faire du mieux qu’on peut ». (DR)

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