Monaco-Matin

Manu Dibango : un géant de la musique disparaît

- ROBERT YVON (AVEC AFP)

La famille du chanteur et saxophonis­te âgé de 86 ans, a annoncé hier, son décès des suites du Covid-19. Tout au long d’une longue et dense carrière, Manu Dibango a traîné sa haute silhouette et son large sourire reconnaiss­ables entre mille sur les cinq continents. C’est en Europe qu’il a posé ses valises en provenance du Cameroun, s’installant en France à partir de 1949, d’abord à Marseille, puis en vadrouille en Belgique, à Bruxelles, afin de s’établir en région parisienne

Cette légende de l’afro-jazz, chevalier de la Légion d’honneur en 2010, continuait à tourner. Infatigabl­e showman, il s’était d’ailleurs produit pour la dernière fois dans la région, le 1er octobre 2019, sur la scène du théâtre Anthéa. « Je suis très heureux de revenir enfin à Antibes où j’ai débuté ma carrière de musicien dans une discothèqu­e de Juanles-Pins qui m’avait invité à m’y produire pour une saison. Ensuite, je ne sais pas pourquoi, je n’ai jamais été invité dans la Pinède-Gould de Juan avec mon orchestre. La plupart des festivals du monde entier m’avaient invité. Jamais Jazz à Juan », nous avait-il dit peu avant ce concert.

Un concert qui mélangeait les rythmes africains, caribéens, mais aussi un hommage à la chanson française.

L’artiste s’était produit en octobre dernier sur la scène d’Anthéa à Antibes.

(Photo R. Y.)

« J’ai eu cette chance d’être un touche à tout dans le milieu du show-business. J’ai travaillé avec Herbie Hancock, Serge Gainsbourg. J’ai même joué de l’orgue, mon autre instrument de prédilecti­on, pour Dick Rivers et longtemps accompagné mon ami Nino Ferrer au saxophone. Dans les années 70, j’ai eu cette chance d’écrire un tube (Soul Makossa) qui a fait le tour du monde et m’a rendu célèbre », avait-il ajouté.

« Un homme simple »

Un projet exclusif cher à Jean-René Palacio, le directeur artistique du festival, aurait permis cet été de revoir

Manu Dibango à Juan-les-Pins. Le bassiste Marcus Miller avait en effet prévu de l’inviter à le rejoindre sur scène, le 11 juillet, pour sa carte blanche. Manu Dibango est la première célébrité internatio­nale à succomber des suites d’une contaminat­ion au coronaviru­s. « Il est décédé au petit matin, dans un hôpital de la région parisienne », a indiqué hier Thierry Durepaire, gérant des éditions musicales de l’artiste. Des fake news annonçant sa mort quelques jours auparavant avaient circulé sur les réseaux sociaux, depuis que sa famille avait annoncé, le 18 mars, que le saxophonis­te avait contracté la maladie. « Il se repose et récupère dans la sérénité », avait alors répondu son site officiel. « Il vous demande de respecter son intimité », étaitil précisé mercredi dernier. Sa disparitio­n a été annoncée de la même façon hier matin. Simplement. « Je suis un homme simple, qui a eu beaucoup de chance dans la vie. Être encore sur scène à mon âge, c’est déjà pour moi un miracle », avait-il raconté sur le toit de la terrasse d’Anthéa, où Daniel Benoin, le directeur du théâtre antibois, avait organisé une petite réception en son honneur. Ce sera malheureus­ement la dernière.

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