Monaco-Matin

Pellerin : « Je n’ai pas été d’Artagnan »

- C. R.

L’entraîneur de Charlotte Bonnet et du groupe Elite de l’Olympic Nice Natation s’était confié il y a plusieurs jours sur sa volonté de voir les Jeux Olympiques de Tokyo reportés. Il avait même lancé l’idée d’un boycott pour impulser un mouvement et tenter de faire entendre raison au Comité Internatio­nal Olympique (CIO). Une position forte qu’il assume sans trop en faire. A ses yeux, il n’a fait que défendre les intérêts des athlètes.

Fabrice, les Jeux sont reportés…

Deux sujets étaient sources d’irritation. Le maintien annoncé des Jeux par le CIO alors que tout le monde pensait à les reporter. Il n’y avait pas de position forte. Et j’ai toujours pensé qu’il fallait un objectif et une vision des choses pour se préparer. Ensuite, c’est la solitude ressentie par les athlètes. Il fallait arrêter de leur mentir et du courage pour ça. Il fallait imaginer que selon les pays, certains pouvaient continuer de s’entraîner et d’autres non. Renoncer demande un effort mais les athlètes ne pouvaient pas être des faire-valoir.

Vous aviez émis l’idée d’un boycott face à l’indécision dont le CIO faisait preuve.

Il était bienvenu de réaffirmer que la priorité n’était pas aux médailles. Il faut savoir prendre du recul. Il y a des gens pour qui le sport profession­nel est le dernier des soucis. L’indécence aurait été de s’accrocher à un intérêt individuel dérisoire. Là, l’objectif, c’est limiter la casse. Faire que de plus en plus de personnes restent en vie. Je pense à mes parents, mes voisins, à d’autres familles. Ensuite, on pourra revenir à des émotions superficie­lles et éphémères.

Peu de personnes avaient évoqué un boycott…

Pour les coachs ou les sportifs, il était très difficile de dire au revoir aux Jeux. Tout s’organise pour eux autour de leur pratique. Ce n’était pas eux qui allaient le dire. Ce sont des mois, des années de travail. Une partie de leur cerveau ne voulait pas voir cette réalité. Imaginez la situation pour les athlètes qui avaient fait de Tokyo leur dernier objectif, il leur faudra rallonger les choses, retrousser les poches du jean. Je n’avais pas grand-chose à perdre à prendre la parole. Quitte à être critiqué. Maintenant, je n’ai pas été d’Artagnan non plus.

Vous êtes monté au créneau parce que vous en aviez assez d’attendre que le gouverneme­nt, le ministère des Sports ou les Fédération­s le fassent…

Les hautes instances nationales n’en ont clairement pas fait assez. Elles disaient : ‘‘On fait toute confiance au CIO’’ (rire). Ce n’était pas du tout ce qu’il fallait faire.

Des voix se sont élevées pour demander aux sportifs de s’adapter et de ne pas se plaindre…

Sortez un poisson de son bocal et dites-lui de s’adapter, on va voir ce qu’il va vous répondre…

Comment allez-vous gérer l’avenir avec vos nageurs, quand ils replongero­nt ?

Les sportifs sont placés dans une position inédite. On a l’habitude d’avoir une routine calendaire. Le moment venu, je prendrai ça à bras-le-corps. J’ai commencé à écrire deux-trois scénarios. Intellectu­ellement, ce sera riche. Pour moi, les Jeux à l’été , c’est bien. Il va falloir replancher sur le budget par exemple. Et puis certains pays seront touchés plus tardivemen­t par le virus. Ils auront le temps de se relever.

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