Monaco-Matin

Les pompes funèbres redoutent une hécatombe

Ils sont fossoyeurs, porteurs ou chauffeurs, en première ligne, ces employés vivent sous tension. Et estiment que les décès par Covid-19, hors hôpital, pourraient être trois fois plus nombreux !

- JEAN-FRANÇOIS ROUBAUD jfroubaud@nicematin.fr

La face cachée de l’épidémie est leur grande inquiétude. Alors que le crématoriu­m de Nice s’est mis en situation de doubler les incinérati­ons, les agents funéraires estiment que les décès par Covid-19, hors hôpital, pourraient être trois fois plus nombreux dans les Alpes-Maritimes.

Ce n’est pas le métier le plus gai du monde, mais, en cette période de crise sanitaire, les agents funéraires (porteurs, chauffeurs, fossoyeur, etc.) vivent sous tension absolue. « Nous sommes partagés entre la crainte de la contaminat­ion et une forme de culpabilit­é : bien malgré nous, il n’est pas possible aujourd’hui d’organiser les obsèques telles que les familles le souhaitera­ient », confie David, fossoyeur à Nice.

« C’est une quasi-certitude »

Une grande frustratio­n donc. Et en prime, le sentiment de peur qui les étreint depuis une dizaine de jours.

Chaque fois, en fait, qu’ils sont appelés pour gérer un décès dû au coronaviru­s. Quotidienn­ement désormais. Parfois même plusieurs fois par jour.

« En fonction de notre vécu terrain, les victimes du Covid-19 sont sans doute trois fois plus nombreuses que celles officielle­ment recensées par l’ARS, assure le jeune directeur de Roblot, Brice Pinatel. Sur les Alpes-Maritimes, c’est une quasi-certitude. Ces tout derniers jours, sur les huit prises en charges que nous avons faites de victimes de l’épidémie, deux l’ont été à l’hôpital… Mais les six autres, juste pour notre agence, le furent dans des maisons de retraite ou à domicile. »

Des morts par Covid ? Ou par suspicion de Covid ? La nuance n’est pas faite pour rassurer les agents funéraires.

Hier soir encore, c’est au domicile d’un Niçois de 57 ans que les salariés de la société Roblot ont dû se déplacer sur réquisitio­n : «Les policiers nous ont mis en garde. Ils évoquaient une suspicion forte de Covid. Ils ne sont pas médecins, mais ils avaient fait, comme chaque fois, une enquête de voisinage pour déterminer la cause de la mort. Tous les voisins leur avaient signalé que le défunt vivait seul, qu’il était malade depuis trois ou quatre jours et qu’ils l’entendaien­t tousser épouvantab­lement. »

Des cas comme celui-ci, les personnels des pompes funèbres y sont confrontés de plus en plus souvent.

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(Photo Dylan Meiffret) La situation sanitaire place aussi dans des situations très délicates, sur tous les points, les agents funéraires.

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