« Je mets du soleil dans mes menus »
Quand la direction a suggéré que le personnel prenne le déjeuner sur place, afin de limiter les déplacements à l’extérieur, Sylvie s’est mise deux fois plus fort aux fourneaux : « J’essaie de leur concocter des petits plats comme à la maison. De mettre un peu de soleil dans mes menus : ce qu’endurent les soignants est tellement lourd. Ils sont exceptionnels. »
Les lieux ont été réaménagés
Le but que tout le monde s’est fixé ici : ne jamais monter au quatrième étage... jusqu’à la fin de la crise. Anticipant une éventuelle propagation de l’épidémie, la direction a réaménagé totalement les lieux. Le dernier étage du bâtiment a été libéré cas où : « C’est une sorte de bulle anti-Covid ou l’on serait amené à isoler les résidents qui auraient été contaminés », confirme Christophe Rocca.
Maudit quatrième étage ! « Qu’il reste vide. Il est là notre combat. Et on va le gagner. Tant pis si, à la fin de cette horreur, il faudra tous nous ramasser à la petite cuillère. » Un sourire se lit enfin sur le visage de Sylvie.
Chassez le naturel, il revient au galop : « Depuis quinze jours, je sais toujours parfaitement que je suis ni Steve Jobs, ni Madonna, mais je mesure que nos petits métiers vont permettre que la vie continue. Ça donne une pêche folle. »
« Malgré tout, les résidents se sentent bien »
De la fierté aussi ? Non l’autosatisfaction narcissique n’est pas sa came. Pas le temps. « Les résidents n’ont pas mesuré l’étendue ni la portée de la crise sanitaire. Malgré tout, ils sentent bien qu’il y a un truc “chelou”. Ils ne peuvent plus voir leurs proches. Ils se rendent bien compte qu’on est sur le gril. Le peu d’énergie qu’il nous reste du coup, on la consacre à les divertir ».
À la demande sa directrice, Sylvie, hier après-midi, a ainsi lâché son tablier et ses batteries de casseroles pour s’en aller improviser un cours de photo un peu loufoque avec les résidents du centre. Toutes proportions gardées, un peu à la manière d’un Roberto Benigni dans La Vie est belle.