Marie-Evelyne, adjointe de caisse à Monaco : « J’ai du mal à dormir »
« J’aime mon boulot. J’ai toujours travaillé dans la grande distribution. J’adore le contact avec les clients. Mais aujourd’hui, je viens travailler avec la boule au ventre. » L’épidémie de coronavirus est passée par là. Marie-Evelyne, 60 ans, est adjointe de caisse au supermarché Casino du boulevard Albert-Ier, à Monaco. Elle est principalement chargée des caisses automatiques. À son poste, ce n’est pas évident de respecter les mesures de distanciation sociale. « Derrière leur caisse, les collègues sont mieux protégées. Elles ont le plexiglas et une distance d’un mètre avec les clients. Moi, je suis en contact direct avec eux car l’espace est assez étroit entre les caisses automatiques. »
Au moment de notre discussion au téléphone, MarieEvelyne s’approche d’un client pour l’aider à remplir son sac. «Là , décrit-elle, je suis à moins d’un mètre du monsieur, je n’ai pas le choix. »
Du coup, elle se protège du mieux qu’elle peut. Son employeur lui fournit masques, gants et gel hydroalcoolique. Marie-Evelyne fait de son mieux pour rester à plus d’un mètre des clients, sans y parvenir en permanence. Après chaque passage, armée d’un essuie-tout et d’un produit désinfectant, elle nettoie tout, écrans, claviers de carte bleue et barres métalliques. Là où les mains se posent.
En dépit des mesures de précaution qu’elle prend à chaque instant, cette situation l’inquiète : « J’ai du mal à dormir. Ça m’angoisse… »
« Les clients nous remercient d’être là » En raison de son exposition quotidienne, au travail et dans le train pour s’y rendre – elle voyage obligatoirement avec un masque et des gants –, Marie-Evelyne est extrêmement vigilante au moment de rentrer chez elle, à Nice : « Mes vêtements de travail restent au vestiaire. Mais en arrivant à la maison, j’enlève mes chaussures à l’entrée, je les dépose sur un plastique, puis je désinfecte mon manteau et mon sac avec une bombe. Avec mon mari, on ne se fait plus de petits bisous… » Et puis, il y a le manque de sa fille et de ses deux petits-fils, qui vivent à Antibes et qu’elle ne peut plus voir depuis le début du confinement. Mais elle tient le choc, Marie-Evelyne, comme toutes ses collègues qui ne se plaignent pas, même si elle lit « le stress sur leur visage » . Ce qui l’aide à tenir bon ? La reconnaissance des clients. « Ils sont compréhensifs, ils nous félicitent, ils nous remercient d’être là. »