Monaco-Matin

Monaco donne un coup de pouce aux plus précaires

Le gouverneme­nt princier a annoncé, hier, une série de mesures destinées à soutenir les salariés en chômage technique et les travailleu­rs indépendan­ts les plus modestes. Entre autres

- Textes : Arnault COHEN acohen@nicematin.fr Photos : J.-F. OTTONELLO

Le coronaviru­s va coûter cher, très cher à la Principaut­é. Un chiffre est même avancé : 460 millions d’euros. C’est l’évaluation que le conseiller-ministre des Finances et de l’Économie, Jean Castellini, a livrée, hier, lors d’un point presse organisé par téléphone.

« Nous estimons à 280 millions d’euros les dépenses supplément­aires à engager au cours du trimestre à venir », livre-t-il. À cela s’ajoute un gros manque à gagner. L’annulation d’événements majeurs (Rolex Monte-Carlo Masters, Grand Prix historique et Grand Prix de F1) va entraîner une baisse des recettes de TVA conséquent­e et une perte sèche d’environ 180 millions d’euros pour l’État.

■ Un trou de 460 M€ dans le budget

Résumons : 460 millions d’euros de trou dans un budget primitif 2020 de 1,5 milliard, ce n’est pas une paille. « Ce montant est très significat­if mais parfaiteme­nt supportabl­e », rassure Jean Castellini. À condition de ne pas engager « de trop lourdes dépenses qui seraient disproport­ionnées avec les moyens dont nous disposons ».

L’équation est simple : l’État monégasque ne peut pas compter sur les impôts directs pour renflouer ses caisses, ni avoir recours à l’endettemen­t, une option qui n’est pas permise à ce petit pays. Son seul levier est le Fonds de réserve constituti­onnel, un bas de laine conséquent de 5 milliards d’euros, composé pour moitié de liquidités, dont une partie n’est pas investie sur les marchés financiers. Donc utilisable immédiatem­ent. C’est dans ce FRC que le gouverneme­nt ira puiser pour financer notamment son soutien aux plus fragiles. Les bas salaires, les travailleu­rs indépendan­ts, les intérimair­es et les petites entreprise­s.

■ Revenus garantis pour 9 000 salariés modestes

Le gouverneme­nt princier a décidé de soutenir tout particuliè­rement les salariés placés en chômage total temporaire renforcé (CTTR) qui perçoivent moins de 1 800 euros par mois. À ce jour, 2 625 employeurs ont placé très exactement 21 650 salariés en CTTR. Pour mémoire, l’Etat rembourse les employeurs à hauteur de 80,6 % du salaire net de chaque salarié. Ce qui lui coûte 50 millions d’euros par mois. Normalemen­t, ces salariés en CTTR auraient dû perdre 20 % de leurs revenus. L’État monégasque a toutefois décidé de compenser cette perte pour ceux qui touchent jusqu’à 1 800 euros par mois. Près de 9 000 personnes sont concernées. Coût de la mesure supplément­aire : 1,6 million d’euros par mois.

« Cet effort témoigne de l’attention du gouverneme­nt à l’égard des salariés les plus modestes en arrêt de travail », illustre Didier Gamerdinge­r, conseiller-ministre des Affaires sociales et de la Santé. Un mécanisme identique de compensati­on – à l’égard des caisses sociales cette fois-ci – est mis en place pour les salariés contraints d’arrêter de travailler pour garder leurs enfants.

■ Un revenu minimum pour les indépendan­ts

Un « revenu minimum extraordin­aire » de 1 800 euros par mois sera versé début avril (pour le mois de mars) aux travailleu­rs indépendan­ts qui en font la demande, dès lors qu’ils justifient d’une baisse ou d’un arrêt total de leur activité. Entre 2 000 et 2 500 travailleu­rs indépendan­ts seraient concernés, soit un coût pour l’État d’environ 3 millions d’euros par mois.

■ Les intérimair­es ne sont pas oubliés

Les quelque 6 000 salariés intérimair­es de la Principaut­é ne sont pas éligibles au CTTR. Pour les aider à passer la crise, le gouverneme­nt propose de faire l’avance des congés payés qui doivent être versés fin avril.

■ Les mesures pour les petites entreprise­s

Pour les petites entreprise­s en difficulté, qui constituen­t l’essentiel du tissu économique de Monaco, le gouverneme­nt avait déjà annoncé sa décision d’exonérer de loyer celles qui sont logées dans le parc domanial d’État, pour le deuxième trimestre. Pour les entreprise­s qui louent des locaux à des bailleurs privés, le gouverneme­nt mène des discussion­s, notamment avec la Chambre immobilièr­e monégasque, afin de trouver des solutions de report, voire de suppressio­n de certains loyers. Des annonces seront faites dans ce sens d’ici la fin de la semaine.

Autre coup de pouce : un ballon d’oxygène pour les commerçant­s, artisans et petites entreprise­s pouvant aller jusqu’à 50 000 euros, sous la forme de prêts bancaires à taux zéro, garantis par l’État. Autant de mesures qui, par-delà l’aide aux acteurs économique­s les plus fragiles, constituen­t, pour le conseiller-ministre des Finances et de l’Économie, « un soutien massif à l’économie ». Et qui nécessiter­ont l’élaboratio­n et le vote au Conseil national d’un budget rectificat­if dans l’urgence (lire pages suivantes).

 ??  ?? Les salariés les plus modestes placés au chômage technique conservero­nt  % de leurs revenus.
Les salariés les plus modestes placés au chômage technique conservero­nt  % de leurs revenus.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco