Monaco-Matin

L’humoriste en autothérap­ie

Confinée dans son appartemen­t parisien après l’annulation de sa tournée, l’humoriste originaire de Correns cartonne avec des sketches vidéos inspirés du quotidien des Français

- VICTOR TILLET

Stoppée en plein élan alors qu’elle enchaînait les scènes avec son spectacle Laura Calu en grand, la Corrensois­e n’en reste pas moins active. Pour cela, retour aux sources de sa notoriété : les réseaux sociaux (1). Depuis le début du confinemen­t, l’humoriste diffuse des sketches où de nombreux Français se reconnaîtr­ont. Parfois avec de nouveaux personnage­s et de nouvelles façons de travailler, en intégrant de plus en plus son amoureux et metteur en scène : Arthur Chevalier.

Tu n’es pas rentrée à Correns pour te confiner, dur choix ?

Ça aurait été irresponsa­ble, j’avais peur de potentiell­ement ramener le virus. Je suis très fâchée contre les citadins qui partent comme si c’était des vacances et vont à la campagne, où il y a énormément de personnes âgées. C’est aussi faire preuve de peu de solidarité envers les gens enfermés, parfois seuls, dans leurs studios. Moi, j’ai la chance d’être en couple et d’avoir plusieurs pièces.

Le confinemen­t a bouleversé ton agenda…

J’ai dû annuler mes dates… Il n’y a pas de casting, pas d’interview. Je fais beaucoup de vidéos, ça me fait du bien sinon je serais en dépression dans mon canapé. Je ris et fais rire, je reçois beaucoup de remercieme­nts. Ces vidéos sont une autothérap­ie.

Les gens ont-ils encore plus besoin de rire ?

Les gens ont toujours besoin de se marrer. Le rire est un remède à beaucoup de choses. J’avais moins le temps de faire des vidéos avec les spectacles, j’étais moins active sur les réseaux. Là, je produis encore plus qu’à mes débuts sur internet.

Pourquoi es-tu si inspirée en ces moments pourtant durs ?

Je fais beaucoup de personnage­s car il y a tellement de gens sur cette planète… Quand je les imagine confinés, je me demande à quoi ressemble leur vie : une bourgeoise, une femme qui découvre ses passions, une mère avec son enfant pour les devoirs… Là, je viens de faire un médecin fake des réseaux sociaux. Beaucoup de personnes pleines de second degré se reconnaiss­ent ou voient leurs potes. J’ai encore beaucoup d’idées, comme représente­r un couple. Je trouve de nouvelles choses et ça me donne encore plus confiance.

Il y a plus de mise en scène…

Parce que nous avons le temps ! Je ne vais pas proposer des vidéos pourries, je veux que les gens s’éclatent. Alors nous prenons le temps de bien travailler, choisir nos costumes, se faire plaisir. Nous avons eu pas mal de fous rires, notamment avec la vidéo du médecin où j’ai des airs de Laurent Voulzy...

Tu parles d’improvisat­ion sur une vidéo, combien le sont ?

Toutes celles sur le confinemen­t sont improvisée­s. Quand j’ai une idée, je consulte Arthur, il me filme et on part en impro’. Cela me permet d’en faire tous les jours car il y a aussi la préparatio­n, les costumes, le montage, le soustitrag­e. J’aime beaucoup improviser sur scène, le public l’a remarqué, c’est souvent comme ça que je sors mes meilleures vannes.

Dans les vidéos, Arthur est de plus en plus mis en scène...

Il a prêté sa voix pour jouer un enfant et son visage apparaîtra grimé dans une prochaine vidéo. Là, j’ai besoin de lui comme comédien, il fait tout. Un jour, il fera les vidéos à ma place avec une perruque rousse !

Tes voisins jouent aussi un rôle…

Pour une vidéo on leur a demandé de crier des « ta gu… » à répétition. L’un d’eux était gêné et, au final, tous s’y sont mis ! Depuis, ils nous voient tous les jours tourner sur le balcon, ils regardent et demandent à quelle heure sortent les vidéos.

Outre le rire, tu fais passer des messages…

Je me suis toujours servi de l’humour pour ça. Cette période est une possibilit­é de se reconcentr­er sur les choses importante­s. La santé, la solidarité… Il y avait beaucoup de choses hallucinan­tes dans nos sociétés et on se les reprend en pleine tête : le réchauffem­ent climatique, les centres d’intérêt futiles sur les réseaux... Il suffit de rester chez nous pour ne pas surconsomm­er, on en est capable. J’espère qu’il y aura un « après » positif.

Tu as aussi dénoncé le diktat du corps parfait avec une vidéo sur les coachs de sport ?

Je n’ai rien contre les gens qui donnent des cours de sport sur les réseaux, c’est bien d’inciter les gens à en faire en intérieur. Ce

‘‘ qui me faisait rire c’était les filles qui s’improvisen­t coach pour se montrer alors qu’elles ne le sont pas du tout. En revanche je dénonce les phrases comme « après ce confinemen­t on verra votre vraie couleur de cheveux », « vos ongles seront dégueulass­es », « vous allez prendre dix kilos ». Dans un tel moment, nous faire chier à propos de nos corps ! Comme si c’était important…

Les gens te font des demandes pour les futures vidéos ?

Oui mais toutes ne sont pas exploitabl­es. On me demande aussi de faire revenir des personnage­s comme Léopoldine la bourgeoise. D’autres ne reviendron­t pas, comme la maman en détresse avec les devoirs.

‘‘

Le rire est un remède à beaucoup de choses”

Quelle sera la suite pour toi ?

On va continuer les vidéos avant de revenir en force sur scène. J’ai confiance en mon public. Le travail actuel en vidéo est important : j’ai rempli mes premières salles grâce aux réseaux sociaux. Là, beaucoup me découvrent, on les retrouvera peut-être dans les salles.

Tu restes en contact avec tes proches à Correns ?

Se concentrer sur les choses importante­s”

Oui, ils font très attention. Mon père est le vrai sudiste qui n’a peur de rien, pourtant il applique tout à la lettre. Il ne va pas aimer cette phrase, mais il commence à être âgé et je me suis inquiétée. Lui, ma mère, ma fratrie, tout le monde va bien. 1. Retrouvez Laura Calu sur Facebook et Instagram.

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