À Castellar et Breil, deux futurs maires sur le pont
À crise exceptionnelle, situation inédite pour Anne-Marie Arsento-Curti et Sébastien Olharan, ces deux élus du premier tour qui ne peuvent pas encore exercer pleinement leur fonction
Ils ne sont même pas encore rentrés dans leurs fonctions de maires qu’ils sont déjà confrontés à une crise majeure ! D’autant que ce sont les édiles d’avant le premier tour des élections municipales qui restent les (seuls) capitaines de leur navire communal, en attendant que leur concurrent (ou successeur) soit officiellement installé. Mais, pour certains « nouveaux maires », cette épidémie de coronavirus engendre une situation inédite et frustrante. Car ils se sentent les ailes coupées en plein vol de la victoire !
À l’est du département, c’est le cas pour Sébastien Olharan, élu au premier tour le 15 mars dernier à Breilsur-Roya avec plus de 62 % des voix ! En attendant l’installation de son conseil municipal – seule condition pour qu’il soit officiellement élu – il participe autant que possible à la solidarité qui s’est organisée dans sa commune et regrette sans amertume de ne pas être davantage associé aux décisions prises en mairie... Autre commune, autre sentiment... Du côté de Castellar, où Anne-Marie ArsentoCurti a été également élue dès le premier tour, la situation est moins problématique, puisqu’elle faisait déjà partie de l’équipe municipale et qu’elle seconde donc la maire en place, Huguette Layet, avec la volonté d’apprendre de cette période transitoire.
« Un score qui me légitime »
Comment l’un et l’autre gèrent-ils la situation ?
« Je le vis comme une frustration de ne pas pouvoir agir », annonce d’emblée Sébastien Olharan, le futur maire de Breil-sur-Roya.
« J’ai fait autant de voix qu’André Ipert il y a six ans avec un taux de participation dont je suis fier (62 %, N.D.L.R.), vu l’abstention record qu’a connue notre pays, et je considère que ce score important me légitime... Mais, il est dommage de devoir attendre deux ou trois mois avant de prendre mes fonctions au service des Breillois » se navre-t-il.
« Alors, j’essaie de me rendre utile le plus possible pour ma commune et suis disponible pour aider le maire et les habitants dans cette période...» Illégitime aux yeux de la loi, mais pas des habitants, il se sent pris en otage d’un système inabouti. «Je ne suis pas à la mairie, mais dans l’esprit des gens, ce n’est pas clair, d’ailleurs nombre de Breillois me sollicitent...» « Avant l’annonce de son annulation, nous avions prévu l’installation du conseil municipal à huis clos et dans un espace plus grand, la salle
Sainte-Catherine, où il était possible de faire respecter les mesures barrières entre les conseillers » précise Sébastien, ajoutant qu’il agit aujourd’hui selon ses possibilités : « J’essaie d’utiliser mes outils de communication pour relayer toutes les informations importantes sur la commune, je suis en relation avec les bénévoles, les forces de secours... J’appelle aussi les personnes de plus de 80 ans pour prendre de leurs nouvelles et être à leur disposition en cas de besoin... Le CCAS l’a fait aussi de son côté, et c’est plutôt une bonne chose, car ils ont sans doute des fichiers plus précis, ce qui rend nos actions complémentaires...» Loin de toute polémique, Sébastien Olharan se dit « prêt à travailler avec le maire, à lui de juger s’il le souhaite ». L’appel est lancé... « On se prépare depuis des années avec mon équipe à prendre les rênes de la commune. Dans ce contexte particulier, on travaille avec l’intention de mettre à profit ces deux mois supplémentaires pour préparer la saison estivale ».
« On est déjà dans le bain ! »
À Castellar, « on est déjà dans le bain ! » s’exclame Anne-Marie Arsento Curti, la future maire du village du pays mentonnais. Soulagée d’affronter cette crise avec la maire sortante, plutôt que d’être seule !
« Car cela aurait été lourd ! Là, on se sent rassurés de faire partie d’une équipe bien encadrée, et tout le monde va dans le même sens : être proche des Castellarois et à leur écoute le plus possible ». Assurément, une période tremplin avant le grand bain !