“Violences conjugales, confinement et signalement”
Si le confinement au sein de nos maisons a pour but légitime d’assurer la protection sanitaire individuelle et collective, nous savons que dans le contexte des violences conjugales, la maison n’est pas le lieu de la sécurité mais celui du danger, danger pour les femmes mais aussi pour les enfants qui vivent au quotidien dans un climat d’insécurité. Ce danger est accru par le confinement dans des proportions alarmantes. Les premières remontées du terrain nous montrent qu’il est malheureusement propice à une recrudescence des violences conjugales.
A ce sujet, je veux remercier l’action des salariés et bénévoles des associations qui poursuivent leur accompagnement des femmes victimes de violences et saluer l’action des forces de sécurité intérieure et celle de l’autorité judiciaire qui permettent de mettre en oeuvre des procédures pénales d’urgence. Je salue également les initiatives prises par le gouvernement pour
mettre en place un plan d’urgence destiné à prendre en charge les femmes victimes de violences conjugales et leurs enfants dont la création d’un fonds spécial d’ million d’euros, financé par l’Etat, pour aider les associations de terrain à s’adapter à la période. Les opportunités ouvertes pour faciliter la révélation des faits dans les pharmacies et les centres commerciaux vont dans le bon sens mais nous devons aller plus loin. Le Haut conseil à l’égalité rappelle qu’aucune mise en sécurité des victimes n’est possible sans organiser la décohabitation entre l’agresseur et la victime. Il est indispensable et urgent de réserver des places d’hôtel pour les violents conjugaux. Le confinement rend plus difficile le signalement des violences conjugales par les femmes victimes et le repérage par les tiers. Les signalements et les appels au (numéro d’écoute national destiné aux femmes victimes de violences) et au (enfance en danger) sont en baisse, ce qui est très inquiétant. Je me réjouis de la récente annonce du ministre de l’intérieur qui permet aux victimes de violences, d’effectuer désormais un signalement par sms, ce que nous souhaitions expérimenter avec Jean Leonetti à Antibes Juan-les-Pins avec le concours de l’Etat. Dans ce contexte de confinement qui confisque de manière encore plus exacerbée la parole des femmes victimes, l’utilisation du sms paraît le plus approprié. Ce dispositif aura le mérite de venir compléter celui déjà en place par mail via le site : arretonslesviolences.org pour toutes celles et tous ceux qui n’ont pas accès à internet ou ne peuvent le faire librement. Je resterai attentive au déploiement de ce dispositif étant donné, qu’à cette heure-ci, on ignore qui sera l’interlocuteur qui recevra ce « texto ». Le dispositif annoncé est encore flou. Face à ce fléau, tout le monde doit agir à son échelle. Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales ou intrafamiliales, appelez le .